Gilbert Rozon a rencontré lundi pendant près de deux heures les représentants de trois associations étudiantes. Depuis trois jours, l'homme derrière le Festival Juste pour rire affichait ses craintes dans les médias quant au bon déroulement de son festival. La rencontre semble avoir dissipé les malentendus.

«La réunion s'est bien passée, on a mis les points sur les "i"», a affirmé Éliane Laberge, nouvelle présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).

En marge de ces discussions, le Festival Juste pour rire a également pris contact avec les associations étudiantes en vue d'organiser un spectacle d'humoristes à leur bénéfice dans le cadre de Juste pour rire, a appris La Presse. Ce sont les soeurs de M. Rozon qui auraient entamé cette démarche.

Les associations étudiantes annonceront ce spectacle mercredi. «C'est vraiment un dossier parallèle [aux discussions avec M. Rozon]. On fait un spectacle pour amasser de l'argent pour combattre la loi 78», a expliqué un proche des associations étudiantes en après-midi.

Gilbert Rozon s'est fait discret à l'issue de la réunion.

«On s'est entendus que c'est à eux [les associations étudiantes] de parler, et je ne vais pas faire d'annonce à leur place», s'est contenté de dire le grand manitou du rire.

Pas de perturbations de festivals

Cette discrétion contraste avec ses sorties précédentes dans les médias au cours du week-end dernier et en début de journée.

«Ce que je souhaite, c'est une déclaration claire, idéalement imprimée, des leaders étudiants qui décourage ou dénonce toute forme d'intimidation et de violence pendant les festivals», a-t-il dit lundi en fin de matinée.

À l'issue d'un rendez-vous qualifié de cordial, la déclaration écrite ne semblait plus à l'ordre du jour.

«On a exposé nos points de vue sur la situation. Nous l'avons toujours dit, nous ne comptons perturber aucun événement lié aux festivals. On encourage les gens à y aller. Avec les acteurs de la société civile, on essaie de trouver des solutions pacifiques», a souligné Paul-Émile Auger, président de la Table de concertation étudiante du Québec (TaCEQ).

Les associations étudiantes n'ont pas hésité à se dissocier de la violence depuis le début du conflit, et n'ont jamais prévu de perturber les rendez-vous estivaux des Montréalais, a rappelé de son côté la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ).

De leur côté, le Festival de jazz et les FrancoFolies ont fait savoir qu'il n'y aurait aucune rencontre avec les leaders étudiants.

«Nous faisons confiance au bon jugement des étudiants et des manifestants», a répondu Greg Kitzler, directeur des relations de presse pour les FrancoFolies et le Festival international de jazz, lors d'un bref échange de courriels avec La Presse.

La CLASSE absente

Une fois n'est pas coutume: la CLASSE n'a pas accompagné les trois autres associations étudiantes pour rencontrer Gilbert Rozon.

«C'est vraiment dangereux de voir un homme d'affaires s'improviser comme interlocuteur alors que dans les faits, et je l'ai affirmé à plusieurs reprises, la CLASSE ne prévoit pas de perturber son festival, ni aucun autre festival. On ne voit pas l'intérêt de rencontrer l'ensemble des promoteurs touristiques de Montréal, puisque la manière de régler la crise, c'est avec le gouvernement», a lancé Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de la CLASSE.

La CLASSE, qui espère que la mobilisation citoyenne se poursuivra pendant l'été, mise plutôt sur des séances d'information pendant les grands événements, en plus des manifestations prévues le 22 juin et le 22 juillet.

«Dans ce cadre-là, on va être présents dans les rues de Montréal cet été, mais jamais dans un objectif d'empêcher les gens d'aller voir un spectacle», poursuit

M. Nadeau-Dubois.

Il n'avait pas été possible de savoir, au moment d'écrire ces lignes, si la CLASSE se joindrait aux autres associations étudiantes pour le spectacle-bénéfice.