Pour la première fois en 37 manifestations étudiantes nocturnes, un itinéraire a été fourni au SPVM, en accord avec le nouveau règlement municipal P6. Un premier cortège a ainsi sillonné la ville, mais peu avant 22h, un deuxième rassemblement, parti du parc Émilie-Gamelin, s'est mis en marche et a été déclaré illégal avant même son coup d'envoi.

Les difficultés rencontrées par les leaders étudiants à la table de négociations à Québec ont fait craindre une ambiance de tension à Montréal.

La présidente de la FEUQ Martine Desjardins a annoncé en fin d'après-midi sur son compte Twitter que les étudiants faisaient face à un mur, en parlant du gouvernement.

Selon elle, le ministère de l'Éducation n'aurait pas pris la peine d'examiner la dernière contre-offre des étudiants.

Vers 20h30, un millier de personnes se sont réunies au parc Émilie-Gamelin. La plupart croient que rien de bon ne peut émerger de la table de négociations à Québec.

L'inspecteur du poste de quartier 21 du SPVM, Alain Simoneau, qui gère la plupart des manifestations depuis le début du mouvement, a pris son petit bain de foule avant le départ qui s'est effectué sur la rue Berri vers le nord vers 20h40.

«On m'a donné l'itinéraire. C'est la première fois. S'ils le respectent, la manifestation ne sera pas déclarée illégale», a-t-il confirmé.

Il a échangé avec plusieurs manifestants au sujet des interventions policières, et a demandé à l'un des leaders naturels de plusieurs manifestations - que tous les militants surnomment affectueusement«gros Dave» - de l'aider à faire respecter l'itinéraire.

Celui-ci semble l'avoir rassuré.

Avant son départ, la manifestation a été ainsi déclarée... légale ! Mais les manifestants ont pris un autre chemin que celui annoncé. Malgré tout, la manifestation a été tolérée par les policiers.

Ton plus mordant

Concernant le deuxième événement, qui a réuni de 300 à 400 personnes à son plus fort, on craignait une ambiance plus mordante, en marge du mouvement des casseroles.

L'événement Facebook créé pour convoquer les militants l'événement avait été rédigé sur un ton sans équivoque.

«Parce qu'on est probablement en train de se faire fourrer encore une fois par le gouvernement. Parce que les manifs de casseroles monopolisent les manifestations. Parce que la diversité des tactiques est nécessaire. Parce que quand le ministre Bachand aime des manifestations, il y a un problème. Voici un retour de nos manifs nocturnes que nous avions avant que les casseroles arrivent», pouvait-on lire dans la convocation.

«Les gens sont tannés d'entendre des casseroles ici», a expliqué un des leaders de cette manifestation, au parc Émilie-Gamelin.

Cette marche a été déclarée illégale avant même son départ puisqu'aucun itinéraire n'a été fourni à la police.

«Cette manifestation est illégale. Veuillez retourner à vos occupations habituelles», a lancé un commandant aux marcheurs, lesquels ont rétorqué que manifester était, par les temps qui courent, leur «occupation habituelle».

La marche a par moment été animée d'une certaine tension. De nombreux militants y étaient masqués malgré le nouveau règlement municipal anti-masque. Beaucoup de slogans anticapitalistes et hostiles à la police ont fusé. Une manifestante vêtue de noir et masquée a trimbalé presque tout le long un long madrier de deux pouces par deux, à la pointe acérée tel un javelot. Les policiers l'ont eue à l'oeil tout au long de la marche, de même que certains militants.

Un pic et des «paciflics»

«On vient manifester pacifiquement pis toi, t'apportes un pic... pas fort!», a lancé un jeune homme à la manifestante.

«Je l'ai trouvé par terre, c'est tout», a-t-elle rétorqué.

Le jeune homme a été traité de «paciflic» par un autre groupe vêtu de noir et masqué. La femme a finalement laissé tomber l'arme, un peu plus loin.

Vers 23h40, ils étaient encore une cinquantaine tout au plus, près du parc Émilie-Gamelin.

«Vous étiez plusieurs centaines au départ, mais maintenant vous êtes 20. Votre message a été entendu, veuillez rentrer dans le parc Émilie-Gamelin», a lancé un commandant aux militants qui ont obtempéré.

Aucune arrestation n'est à signaler, et vers minuit, les deux marches étaient terminées.

À Québec, une manifestation a également lieu, alors que les négociations suivaient toujours leur cours.