La FTQ, la CSN et la CSQ demandent au gouvernement de mettre son projet de loi spéciale sur la glace. Ce n'est pas le moyen de régler le conflit, ont-elles affirmé dans un communiqué conjoint.

Mais c'était nécessaire pour éviter le « drame humain » d'étudiants qui craignent de perdre une session, ont rétorqué la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) et la Fédération des cégeps du Québec (FCCQ), qui  accompagnaient le premier ministre Charest lors de son annonce.

Les syndicats dénoncent le recours à une loi spéciale. Et ils en critiquent le contenu. Selon eux, le gouvernement n'aborde pas la question fondamentale à l'origine de la grève étudiante : la hausse des droits de scolarité. Ils en ont aussi contre l'appel au calme lancé par le premier ministre, car ils disent n'avoir jamais incité à la violence.

«Le gouvernement pelte (pellette) le problème. Il va y avoir beaucoup de frustration », pense le président de la CSN, Louis Roy. Il rappelle d'ailleurs que parmi les étudiants et cégépiens qui sont retournés en classe, une forte proportion est tout de même opposée à la hausse.

Une opinion partagée par le président de la Centrale des Syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent. « Le gouvernement va se donner du temps. C'est fort probablement le saut qu'avait besoin le premier ministre pour passer l'été et se rendre en élections. »

M. Parent ne croit pas que cette loi spéciale réussira à calmer la « tempête » chez les étudiants. « Si j'étais un étudiant, je serais choqué.»

« Ce coup de force est un aveu de faiblesse », affirme le président de la Fédération nationale des enseignants du Québec (FNEEQ), Jean Trudelle. « Ça me laisse beaucoup d'amertume. Je ne sais pas comment nos gens vont réagir. Il y a quelque chose dans tout cela qui est extrêmement déprimant », dit-il en soulignant que ses membres sont réunis en instances aujourd'hui.

Nécessaire, disent les établissements

« Derrière la suspension de cours dans 14 de nos établissements se cachent des drames humains de jeunes hommes et jeunes femmes qui désirent terminer leur session », a affirmé le pdg de la FCCQ, Jean Beauchesne.

Deux raisons motivent son appui à la loi spéciale : « sauver la session d'hiver », car selon lui, « la société québécoise n'a pas les moyens de sacrifier une session sur le dos de jeunes étudiants ». L'autre raison, c'est de permettre que la reprise, qui sera « décalée », se fasse dans « un climat plus serein ».

La présidente de la CRÉPUQ, Luce Samoisette, a tenu à assurer que les cégeps et les universités travaillaient ensemble pour permettre aux étudiants affectés par le conflit d'être admis à l'université lors de la prochaine session.