L'annonce du dépôt par le gouvernement Charest d'une loi d'exception suspendant le trimestre des étudiants et des élèves en grève, certains depuis février, a donné lieu à une manifestation nocturne qui a semé le désordre dans son sillage, mercredi soir et durant la nuit, à Montréal.

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Des vitrines ont été fracassées dans le centre-ville, les policiers ont essuyé des projectiles lancés par des manifestants et ils ont utilisé le gaz poivre pour disperser la foule. La manifestation a été déclarée illégale vers 0h27 et une série d'arrestations ont été effectuées peu après 1h.

Le bilan du SPVM se chiffre à 122 arrestations pour attroupement illégal et divers actes criminels en plus de plusieurs méfaits commis (dont 5 vitres de banques fracassées).

Soirée chaude

Convoqués pour 23 h à la place Émilie-Gamelin, les participants au deuxième rassemblement de la soirée sont venus gonfler les rangs de ceux qui avaient participé à un premier, tenu à 21h, et qui ont fait la boucle après avoir pris le départ de la place Émilie-Gamelin.

Certains des nouveaux venus portaient masques et lunettes de protection, ce qui faisait contraste avec l'ambiance festive de la première manifestation.

Le second cortège a lui aussi emprunté la rue Sainte-Catherine vers l'ouest et un premier pétard a résonné un peu avant minuit. Puis, les esprits se sont échauffés à l'angle de la rue Mansfield, où des manifestants s'en sont pris à un homme qui les a nargués.

Intervention

Les policiers sont rapidement intervenus et ont dispersé la foule avec du gaz poivre. Des manifestants ont répliqué en lançant des projectiles et la vitrine d'une succursale de Telus a été fracassée. Le Service de police de la Ville de Montréal a indiqué sur le fil Twitter, vers 0h05, que des infractions criminelles avaient été commises, notamment des voies de fait sur au moins un citoyen et sur des policiers, qu'il considérait toujours la manifestation légale à ce moment, mais «que les actes criminels doivent cesser immédiatement». Quelques minutes plus tard, les vitrines de quelques institutions bancaires ont volé en éclats.

Avant le départ de la première manifestation, à 21h, l'un des leaders du rassemblement avait déclaré que l'annonce du gouvernement démontre qu'il n'est pas à l'écoute des jeunes.

«Ce soir, on va faire du bruit pour être certains qu'ils nous entendent», a-t-il lancé.

Installée en retrait, Ève Beauregard, étudiante aux HEC, a affirmé que la loi spéciale «ne règle rien et ne fait pas avancer du tout les négociations». Un peu plus tôt, avant le point de presse donné par le premier ministre Jean Charest à Québec, des étudiants de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) se disaient sceptiques pour la suite des choses. «Ça ne va pas faire baisser la tension», a dit l'un d'eux.

La foule a scandé de nombreux slogans au fil de sa progression dans les rues du centre-ville.

Pas du tout abattu par la tournure des événements, Nicholas Perron y voyait plutôt du bon. «Je pense que ça va redonner de l'énergie au mouvement, parce que ceux qui avaient peur de perdre leur trimestre vont pouvoir venir manifester dans la rue. Mais pour ceux qui avaient des plans cet été, ce n'est pas l'idéal», a dit l'étudiant de l'Université de Montréal.

«Charest veut bien paraître, a déclaré une étudiante de l'UQAM, mais contrairement à ce qu'il pense, sa loi spéciale ne nous enlèvera pas notre motivation. Nous serons encore là au mois d'août.»

Le fil des événements :

00 h 43 : Nos journalistes rapportent que les manifestants se sont dispersés

00 h 35 : La police demande à la foule de se disperser, elle prévient que ceux qui continuent de marcher dans la rue seront arrêtés.

00 h 39 : Une bombe assourdissante est lancée, rapportent nos journalistes.

00 h 25 : Le SPVM déclare la manifestation en cours illégale à cause de plusieurs actes criminels commis. La police demande aux gens de se disperser.

00 h 15 : Les vitres des banques BMO, RBC et Banque Nationale éclatent

00 h 07 : Le SPVM indique également que des infractions criminelles ont été commises : des citoyens et des policiers ont été agressés.

00 h 05 : Sur Twitter, le SPVM explique que les policiers sont intervenus  «à l'intérieur de la marche pour récupérer un citoyen  qui s'est fait agresser».

00 h 00 : Certains manifestants restent face-à-face aux policiers, la tension reste mais le grabuge a cessé.

23 h 55 : Nos journalistes rapportent que les choses comment à se corser. Des policiers se font lancer de l'asphalte et une poubelle sur Mansfield, beaucoup de gaz de poivre en riposte.

23 h 46 : Le premier feu d'artifice de la soirée explose, rapportent nos journalistes

23 h 37 : La manifestation passe devant le quartier général du SPVM avec de prendre Sainte-Catherine à contresens.

23 h 36 : Sur une banderole à la manifestation, on peut livre que «la loi spéciale n'est que le début de la grève»

23 h 10 : 2500 manifestants à nouveau en marche, sur Berri nord, selon nos journalistes.

23 h 00 : Vers 23 heures, une nouvelle manifestation quitte le parc Emilie-Gamelin. Nos journalistes constatent plus de masques et de lunettes de ski que dans les manifestations précédentes mercredi.

22 h 48 : Une centaine de personnes manifestent près de la prison Tanguay en appui aux étudiants arrêtés.

22 h 46 : Gabriel Nadeau-Dubois s'adresse aux manifestants à Québec, dit que les étudiants seront prêts à continuer leur grève jusqu'à l'automne.

22 h 42 : Un nouveau rassemblement au parc Émilie-Gamelin pour une autre manifestation qui débutera à 23 heures.

22 h 04 : Les manifestants font un « sit-in » à l'angle de Sherbrooke et McGill College.

22 h 00 : Vers 22h, les manifestants se sont arrêtés quelques minutes tout près des bureaux de Jean Charest. Ils se sont assis dans la rue et scandé quelques slogans avant de se remettre en marche dans le calme.

21 h 59 : « Nous invitons les associations à s'entendre avec le gouvernement », dit Proulx, qui avait été le premier à demander une injonction pour pouvoir suivre ses cours.

21 h 57 : « Ce soir nous sommes devant, en fait, pas grand chose », affirme Laurent Proulx, le représentant du mouvement des étudiants socialement responsables.

21 h 54 : «Tout ce qu'on pourrait faire pour calmer les militants et militantes est inutile », affirme le porte-parole de la CLASSE Gabriel Nadeau-Dubois.

21 h 53 : Des slogans à saveur judiciaire sont scandés par la foule. Par exemple : "Grève générale illimité. C'est pas une loi spéciale qui va nous faire plier".

21 h 51 : « Cette loi va mettre le feu aux poudres », affirme la porte-parole de la CLASSE.

21 h 50 : Environ 2000 manifestants se dirigent vers l'ouest sur Sainte-Catherine , l'ambiance est festive.

21 h 49 : En point de presse, la porte-parole de CLASSE affirme que « Charest a été hautain »

21 h 44 : "Ça nous laisse tout l'été pour tout bloquer. C'est comme un défi qu'on nous lance", affirme un manifestant.

21 h 44 : Les manifestants semblent unanimes sur la loi spéciale, ils pensent qu'elle va envenimer la situation.

21 h 44 : La manifestation est calme. Environ 2000 personnes, selon nos journalistes.

21 h 40 : En point de presse, la FECQ affirme que le gouvernment a « délibérément » attendu que le « mouvement devienne violent » pour qu'il se « décrédibilise ».

21 h 40 : La manifestation arrive au Quartier des spectacles.

21 h 27 : « C'est bon et ce n'est pas bon. Je pense que ça va redonner de l'énergie au mouvement parce que ceux qui avaient peu de perdre leur session vont pouvoir venir manifester dans la rue. Mais pour ceux qui avaient des plans cet été, ce n'est pas l'idéal », affirme Nicolas Perron, un étudiant en grève de l'UdM.

21 h 09 : « L'annonce de Charest ne règle rien et ne fait pas avancer du tout les négociations », dit Eve Beauregard, une étudiante des HEC, après l'annonce de la loi spéciale.

20 h 56 : Les manifestants nus se joignent à l'autre manifestation