Des manifestants se sont fait copieusement asperger de gaz irritant ce lundi matin à Longueuil et au collège de Rosemont, à Montréal. À cet endroit, un étudiant de 17 ans a même subi une commotion cérébrale, possiblement causée par un coup de matraque.

La journée a débuté en force quand quelques centaines de manifestants ont bloqué les entrées du collège de Rosemont, où la direction avait décidé de forcer la reprise des cours ce matin, après que sept injonctions eurent été rendues en ce sens, malgré les votes pour la poursuite de la grève.

Bien déterminés à faire fermer le collège, quelques centaines d'élèves de l'établissement, mais aussi d'autres cégeps, de même que des étudiants d'université et des professeurs contre la hausse se sont massés à chaque entrée de l'établissement de la 16e Avenue dès 5h. Peu après 7h, des avocats de la Fédération étudiante collégiale du Québec se sont présentés sur les lieux pour informer les manifestants des possibles conséquences judiciaires du non-respect d'une injonction.

Vers 7h30, un petit groupe de policiers du poste de quartier 44 ont décidé d'ouvrir une brèche vers la porte d'entrée principale.

Ils ont longé le mur pour tenter de repousser les manifestants vers le bas des marches. Mais la foule était nombreuse, électrique. Les policiers, tout au plus une trentaine, étaient équipés de casques et de matraques, sans bouclier.

Les jeunes ont résisté, déterminés à ne pas céder leur place.

Les policiers ont sorti leurs petites bonbonnes de gaz poivre et donné quelques coups de matraque.

Cela n'a pas duré longtemps, mais c'est à ce moment que l'élève de 17 ans, du collège de Saint-Laurent, a été blessé.

«À un moment donné, il y a eu du poivre de lancé j'en ai reçu. Je ne voyais rien et je me suis tourné vers l'arrière et j'ai reçu un coup de matraque en arrière de la tête», a affirmé l'étudiant à La Presse après avoir eu son congé de l'hôpital. Une séquence d'événements pour laquelle quelques témoins ont donné une version similaire.

«Mes oreilles sillaient et je me suis effondré par terre sans perdre connaissance. Au moment où je me suis fait frapper, il y avait au moins deux lignes de manifestants devant moi», jure le jeune homme qui dit avoir subi une commotion cérébrale.

Le visage tout blanc en raison de l'antiacide utilisé pour neutraliser les effets du gaz irritant, il avait une sérieuse bosse derrière le crâne. Des secouristes improvisés lui ont bandé la tête, qui saignait, avant l'arrivée des ambulanciers, qui l'ont immobilisé sur une civière pour le transporter à l'hôpital.

«Il y avait beaucoup de monde et la police a tenté de nous repousser. Il y a eu résistance passive, ils se sont fait insulter, c'est sûr. Mais ils ont vite sorti le gaz et ils ont frappé», raconte une étudiante de l'Université de Montréal, qui a fréquenté ce collège.

Quelques instants plus tard, la direction de l'établissement a annoncé la levée des cours.

Les manifestants étaient en furie contre la direction et contre la police. «On dirait que la direction a donné un avis d'éviction et a voulu tester notre résistance. C'est inacceptable», a critiqué un étudiant de l'UQAM.

Une autre a souligné le changement de cap de la direction, qui avait jusque-là respecté les décisions des assemblées générales.

D'autres cégeps ont vécu des situations similaires ce matin, comme Édouard-Montpetit sur la Rive-Sud et Lionel-Groulx sur la Rive-Nord (voir autre texte).

Édifice bloqué à Longueuil

Une autre manifestation s'est conclue à grands coups de jets de gaz irritant, à Longueuil.

Environ 150 manifestants étaient partis de la place Émilie-Gamelin vers 7h. La manifestation, organisée par l'Association facultaire étudiante science politique et droit de l'UQAM avait pour nom «attaquons le gouvernement».

Un groupe qui avait aussi organisé une manifestation de «désobéissance civile» au Square Philips s'est joint à eux, étant trop peu nombreux de leur côté.

C'est que le blocage au collège de Rosemont a été privilégié par plusieurs militants ce lundi matin, au détriment des deux autres actions.

Ils ont donc pris le métro, à destination de la station Longueuil.

Ils y ont bloqué l'accès de l'édifie administratif Montval, qui abrite notamment des bureaux du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport.

Après un siège tranquille qui a duré un certain temps, les policiers de l'escouade antiémeute de la police de Longueuil ont décidé de les déloger à grand renfort de gaz irritant.

Les manifestants se sont repliés, légèrement, avant de rentrer à Montréal, dans quelques cas pour prendre part à la manifestation de support aux présumés auteurs du coup du métro de jeudi passé.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Des manifestants ont bloqué ce matin l'entrée de l'édifice Montval.