Force étudiante critique, un groupe étudiant radical auquel participe au moins l'un des détenus arrêtés hier dans le dossier de la paralysie du métro, invite ses militants à s'en prendre aux médias.

Cet appel à l'«action» inquiète la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), qui condamne sans réserve l'intimidation, le vandalisme et la violence dont ont été victimes des reporters depuis le début de la grève étudiante.

Dans une lettre mise en ligne sur son site internet la nuit dernière et ne portant pas de signature, le collectif, qui comprend l'accusée Vanessa L'Écuyer, attaque férocement les médias pour leur couverture de la crise étudiante et plus particulièrement des événements de jeudi matin.

Les médias «nous démontrent, encore une fois, de quel côté de la barricade ils se dressent: celui de la matraque, des arrestations, des gaz, du poivre et des balles de plastique. Les petits chefs de pupitre appuient l'érosion de nos libertés», peut-on lire.

«Le désir pervers des journalistes et de leurs boss est de diaboliser des militantes et militants en premier lieu, puis un groupe politique en second, et par extension l'ensemble des groupes qui se positionnent à la gauche de la CLASSE et des fédérations étudiantes.»

Dans son dernier paragraphe, l'auteur appelle le «mouvement de lutte» à s'en prendre directement aux médias.

«Ne nous laissons pas déconcentrer par la loupe médiatique au service de l'idéologie dominante. En symbiose avec le pouvoir, les médias délateurs sont des cibles de choix pour les actions à venir», menace-t-il.

Le premier internaute à commenter ce texte a d'ailleurs relevé cette phrase du texte, qu'il qualifie par ailleurs d'«incendiaire». «Je respecte la diversité des tactiques jusqu'à un certain point, mais vous devriez protéger vos arrières, vous êtes extrêmement surveillés, surtout depuis hier», écrit-il, sans signer son commentaire.

Brian Myles, président de la FPJQ, tire à boulets rouges sur cette invitation.

«Ça prouve que ces gens-là ne connaissent rien à la vie en société démocratique», a-t-il affirmé en entrevue téléphonique. «C'est un courant minoritaire, mais on voit bien qu'il y a des groupes qui ne comprennent vraiment pas le rôle des médias.»

Les accusations du groupe quant à la collaboration entre les journalistes et l'État sont complètement infondées, a-t-il ajouté.

«On ne collabore pas avec la police, au contraire. On se bat bec et ongles pour protéger nos sources et notre matériel journalistique, pour empêcher la police d'y avoir accès», a expliqué M. Myles.

Au cours de l'après-midi, un post-scriptum a été ajouté au texte, affirmant que les membres de Force étudiante critique étaient «très heureux» de l'effet de peur qu'aurait supposément causé leur texte chez les employés d'entreprises de presse. L'auteur ajoute que malgré le ton de son message, il n'appelait pas à la violence.

Force étudiante critique serre les rangs

Par ailleurs, le groupe Force étudiante critique fait front commun avec les quatre individus qui se sont rendus à la police hier, en lien avec l'affaire des engins fumigènes qui ont paralysé le métro jeudi.

Le collectif radical a appelé à la tenue d'une «vigile de solidarité» avec «les personnes arrêtées dans le cadre de ce dossier», lundi avant-midi devant le Palais de Justice de Montréal.

«Nous appelons plutôt à la solidarité active sans dissociation ni condamnation avec toutes les personnes criminalisées par l'État dans le cadre du mouvement de grève actuel», écrivait ce matin le groupe. «Nous nageons toutes et tous dans le même bassin de marde. Nous ne laisserons personne s'y noyer.»

Le texte se conclut par un appel au durcissement des actions.

«Ne cédons rien. C'est seulement par la continuité du mouvement, l'expansion et l'intensification de celui-ci que nous pourrons aspirer à une société plus juste. The show must go down. La lutte continue», écrit son auteur.

Le groupe Force étudiante critique est formé de dissidents de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), qui considèrent que leur ancienne association n'est plus assez radicale. Le collectif attaque aussi de front les fédérations étudiantes et les médias.