Après trois mois de grève, des étudiants tentent l'ultime moyen pour sauver leur trimestre. Huit nouvelles requêtes en injonction, formulées par une trentaine d'étudiants, doivent être débattues aujourd'hui au palais de justice de Montréal.

Ces demandes d'injonction visent les collèges Bois-de-Boulogne, Montmorency, Ahuntsic, Rosemont et Lionel-Groulx ainsi que les cégeps Saint-Laurent, Marie-Victorin et Saint-Hyacinthe.

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) dénoncent cette judiciarisation du conflit.

Ces injonctions vont monopoliser des juges, des avocats et coûter très cher, souligne le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin.

«C'est un processus qui dénature le processus judiciaire habituel, qui vient nuire à la façon dont le système de justice est livré. Il y a quelque chose de malsain. Ce n'est pas la bonne manière de faire progresser ce conflit. »

Directeur général de la clinique Juripop, qui représente plusieurs associations étudiantes qui doivent se défendre contre ces injonctions, Marc-Antoine Cloutier interpelle directement le ministre de la Justice, affirmant que c'est à lui de réagir.

« Le ministre de la Justice doit prendre ses responsabilités et encadrer la façon dont ça se passe sur les campus, notamment en discutant de la question du droit de grève des étudiants », croit M. Cloutier.

Une trentaine de requêtes en injonction ont été faites depuis le début de la grève. Dans la plupart des cas, les jugements ordonnant la reprise des cours ont donné lieu à des affrontements entre les étudiants sur les campus, et parfois à du grabuge et de la violence.

Des injonctions rendues à titre individuel, notamment pour des élèves du collège de Rosemont, ont toutefois permis la reprise des cours. Dans ces cas, les choses semblent bien se dérouler.

« Chaque demandeur le fait de façon individuelle » , souligne M. Cloutier, qui soutient qu'il n'est pas possible de régler le conflit de cette façon. Il faudrait autant d'injonctions qu'il y a d'étudiants, a-t-il ajouté.

Selon la CLASSE, le seul moyen de mettre fin à la grève est de continuer à mobiliser les étudiants dans les rues. L'association affirme que 261 500 des 266 500 étudiants consultés dans les derniers jours ont rejeté l'offre du gouvernement Charest.

Réactions du ministre Fournier

Le ministre de la Justice du Québec, Jean-Marc Fournier, a rejeté vendredi la demande des leaders étudiants qui souhaitaient le voir intervenir pour freiner ce qu'ils considèrent comme un recours abusif aux tribunaux dans le conflit.

M. Fournier soutient au contraire que le droit qui doit être défendu est celui d'aller en classe.

«Il n'y a pas de droit qui existe de bloquer l'accès, a déclaré le ministre en point de presse à Montréal. Il y a un droit qui existe de suivre ses cours parce que le droit à l'éducation est reconnu.

«Les tribunaux font valoir les droits. Ceux qui veulent les exercer ont tout à fait le droit de demander aux tribunaux. Ceux qui empêchent que les droits soient exercés ne peuvent pas venir nous dire ce matin que les tribunaux sont d'aucun recours parce qu'en ce moment la loi est contre le blocage des portes, alors les tribunaux sont contre le blocage des portes», a-t-il poursuivi.

- Avec La Presse Canadienne