La facture du conflit étudiant a maintenant dépassé les 6,7 millions pour le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Les policiers montréalais ont consacré en moyenne près de 1000 heures de travail chaque jour aux perturbations entraînées par les protestations contre la hausse des droits de scolarité.

Le plus récent bilan du SPVM présenté à la Ville de Montréal remonte au 27 avril. Le conflit en était alors à sa 74e journée. Les policiers avaient consacré en interventions en tout genre l'équivalent de 69 100 heures de travail, dont le tiers en heures supplémentaires. La facture pour les heures supplémentaires frôle à elle seule la somme de 1,7 million.

Le SPVM peut difficilement en faire plus, estime le conseiller Réal Ménard, vice-président de la Commission de la sécurité publique. «Est-ce qu'on va mettre des agents dans chaque station de métro, dans chaque bâtiment qui pourrait être visé, comme la Tour de la Bourse, le port de Montréal?», s'interroge l'élu. Impossible, les ressources du corps policier sont déjà utilisées au maximum. «Dans mon quartier, il y a normalement trois duos de policiers. Présentement, il y en a un seul pour répondre aux urgences. Il y a des limites à ce que peut faire le SPVM», expose le maire d'arrondissement.

Plus de sécurité dans le métro

Le conflit étudiant risque également de coûter cher à la Société de transport de Montréal (STM). La première interruption complète du réseau de métro en plus de 20 ans a forcé le transporteur à dépêcher d'urgence 185 autobus et chauffeurs dans les rues de la métropole.

La STM a également décidé de resserrer ses mesures de sécurité. Depuis hier après-midi, davantage d'employés du transporteur sont présents dans les stations afin de prévenir de nouvelles perturbations du service.

La dernière interruption de tout le réseau de métro remonte à mars 1989. Une tempête magnétique causée par une éruption solaire avait plongé tout le Québec dans le noir pendant neuf heures. Même la crise du verglas, en janvier 1998, n'avait pas réussi à freiner les voitures du métro plus que quelques minutes.

Tremblay à court d'idées

En point de presse, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a dénoncé l'escalade de la violence. «Aucune cause, aussi légitime soit-elle, ne peut justifier les agissements criminels qui mettent en péril la sécurité publique et la paix sociale.» Celui-ci juge que le climat rend difficile une résolution du conflit étudiant, et appelle «toute la société civile» à tenter de calmer le jeu.

Malgré les perturbations vécues depuis maintenant 88 jours, le maire a tempéré les craintes et a fermé la porte à une intervention de l'armée. «C'est la dernière chose que je pourrais penser», a-t-il répondu à la question d'un journaliste.

Si le maire était apparu visiblement fâché lors de ses derniers points de presse, Gérald Tremblay a pesé chacun de ses mots, hier, «pour ne pas aggraver la situation». Le maire s'est avoué à court d'idées pour limiter les perturbations engendrées par le conflit. «Avez-vous des idées, des suggestions?», a-t-il répondu à plusieurs reprises aux journalistes qui le questionnaient sur les mesures que la Ville comptait prendre.

L'opposition officielle a quant à elle appelé le gouvernement à relancer le plus rapidement possible les négociations ou à demander l'intervention d'un médiateur. «Je suis très inquiet. On assiste à une détérioration du climat collectif. Ça porte les germes de scénarios de violence si Québec ne se ressaisit pas. Il faut reprendre le dialogue», a insisté Réal Ménard. Celui-ci craint que, après les bombes fumigènes, les protestataires se mettent à lancer des cocktails Molotov.