La Sûreté du Québec (SQ) a défendu son intervention lors de l'émeute à Victoriaville, survenue vendredi soir dernier.

Critiqué pour sa gestion de la crise, le corps de police a tenu à exposer sa version des faits.

Au moins trois manifestants ont été blessés gravement au cours de cette journée. Un policier a été directement pris à partie avec une tige métallique, alors que les autres ont été la cible d'une pluie de pierres.

Aucune des 33 balles de plastique tirées ce soir-là n'a été dirigée vers la tête ou les organes vitaux des manifestants, selon la police.

«Nos policiers ne tirent pas à l'aveuglette», a assuré le capitaine Jean Finet, porte-parole de la SQ. «L'utilisation de ce type d'arme se fait exclusivement [contre] des gens dangereux qui représentent une menace à l'égard de policier ou de citoyens. Il n'est pas question de tirer sur un individu, quand bien même il nous aurait tiré 20 roches, s'il n'en a pas une dans les mains au moment ou le policier le regarde.»

Les tirs rendus imprécis par les gaz lacrymogènes sont aussi proscrits, a-t-il expliqué.

Des six policiers formés adéquatement pour l'utilisation d'armes d'impact qui se trouvaient sur place, cinq ont fait feu, a expliqué M. Finet, devant une table où étaient disposés deux petits marteaux, un lance-pierre et des pierres imposantes.

Selon le policier, on peut presque assurément exclure l'action des balles de plastique dans deux des trois cas de blessure grave. Une jeune femme blessée à la mâchoire se serait notamment trouvée hors de portée des balles de plastique. Quant à Maxence Valade, l'élève du cégep Saint-Laurent qui a perdu l'usage d'un oeil, sa blessure serait trop importante pour avoir été causée par un seul projectile de ce type. 

Dans le cas de la troisième personne blessée gravement, Alexandre Allard, un professionnel de la santé aurait été dans l'impossibilité de confirmer ou d'infirmer que le jeune homme avait reçu une balle de plastique. L'enquête se poursuit.

Émeute d'une rare violence

Jean Finet a affirmé que ses collègues avaient agi du mieux qu'ils pouvaient dans un contexte extrêmement difficile. Selon lui, il s'agit de l'émeute la plus violente depuis 10 ans. Le policier n'a d'ailleurs pas hésité à qualifier les émeutiers de «bandits» et de «criminels».

Des dizaines d'entre eux sont «activement recherchés» par les forces de l'ordre. Quelque 110 personnes ont déjà été arrêtées, mais ce nombre «pourrait grandir rapidement», a assuré M. Finet.

C'est l'évolution rapide de la situation qui a forcé la SQ à déclarer que la manifestation s'était transformée en émeute seulement quatre minutes après l'avoir qualifié d'attroupement illégal. Selon M. Finet, les manifestants pacifiques auraient toutefois pu se rendre compte que les choses risquaient de dégénérer avant même les avertissements de la police.

«La violence, c'est le fait de casseurs. La Sûreté du Québec a été obligée d'utiliser la force nécessaire pour ramener l'ordre», a-t-il affirmé.

Autre sujet de critique, notamment sur les réseaux sociaux: la gestion des secours médicaux. Le capitaine Finet a assuré qu'aucune ambulance n'avait été bloquée par des agents de la SQ. Certaines ont pu être ralenties parce que les policiers tentaient de protéger l'intégrité physique des ambulanciers, a-t-il expliqué.