D'autres voix s'élèvent pour demander une enquête publique sur l'intervention policière lors de l'émeute qui a eu lieu à Victoriaville vendredi dernier. La Ligue des droits et libertés, les organisateurs de la manifestation et des infirmières qui ont soigné des blessés sur le terrain se questionnent sur le travail de la Sûreté du Québec.

Selon les intervenants, les policiers étaient mal préparés à la présence de milliers de manifestants devant le centre des congrès, ce qui a contribué à l'escalade de violence. En conférence de presse, ils ont dénoncé le fait que la plupart des manifestants n'ont pas entendu l'avis d'attroupement illégal, qu'une trop grande quantité de gaz irritant a été utilisée et que des balles de plastique ont été tirées lors de cette intervention.

«Plusieurs témoignages nous indiquent que ces balles ont été tirées à travers des gaz lacrymogènes. Quand on entend que ces projectiles ne doivent pas être lancés sur la tête ou sur des organes vitaux, comment peut-on s'assurer de ne pas cibler ces parties du corps à travers un nuage de gaz?» a dit Jeanne Reynolds, porte-parole de la CLASSE, qui demande aussi une commission d'enquête publique. Plus tôt en journée, le Parti québécois et Québec solidaire ont aussi fait cette demande.

La CLASSE a d'ailleurs présenté une vidéo qui pourrait laisser croire que c'est une balle de plastique qui a été tirée en direction d'Alexandre Allard, cet étudiant qui a frôlé la mort vendredi. Sur les images, un policier pointe une arme vers lui tandis qu'un autre le montre du doigt. La caméra se déplace une seconde et, lorsqu'elle revient sur M. Allard, le jeune homme est étendu au sol, inconscient, une plaie près de l'oreille.

L'une des organisatrices de la manifestation, Johanne Nasstrom, de la Coalition des tables régionales d'organismes communautaires, trouve que les policiers ont manqué de communication avant et après les dérapages. «J'ai demandé aux manifestants et aux policiers qui se faisaient face de laisser passer une ambulance puisqu'il y avait un blessé grave. Les manifestants se sont écartés, mais un des policiers m'a visée de son fusil, et un autre a enlevé son casque et m'a répondu: "Tu as juste a l'emmener ici, ton malade"», a-t-elle raconté, encore ébranlée.

Journalistes hués

Des journalistes ont posé des questions qui ont déplu aux personnes qui assistaient à la conférence de presse. Certains, accusés de défendre le travail de la police, ont même été hués lorsqu'ils ont tenté de prendre la parole. 

La Ligue des droits et libertés a d'ailleurs été la seule à déplorer que des manifestants aient lancé des boules de billard, des briques et des morceaux d'asphalte aux policiers. 

«C'est clair, pour nous, que la liberté d'expression ne comprend pas le droit de commettre des délits et des infractions. Des manifestants dans certaines circonstances peuvent effectivement commettre des actes qui sont répréhensibles. Ils en portent la responsabilité. Mais on ne peut pas ensuite brimer les droits de l'ensemble des manifestants qui sont pour l'ensemble pacifiques», a dit Dominique Peschard, président de la Ligue.