L'accès à l'université a progressé plus rapidement au Québec qu'en Ontario dans les années 70, mais l'écart s'est creusé de nouveau dans les années 90 au profit de la province voisine, selon une étude réalisée en 2007.

Depuis le début de la grève, les opposants à la hausse des droits de scolarité affirment que le modèle québécois de l'université abordable - par rapport au reste du pays - a permis d'améliorer l'accès aux études supérieures. Selon eux, si le Québec traîne toujours la patte, c'est parce qu'il partait de plus loin dans les années 60, à cause de l'oppression économique dont étaient victimes les Québécois francophones.

L'étude en question a été publiée dans la Revue des sciences de l'éducation de McGill par un étudiant à la maîtrise en économie, Karim Moussaly, et son professeur de l'Université de Montréal, François Vaillancourt. Il n'a pas été possible de leur parler hier.

L'étude montre que le taux de fréquentation universitaire était de 15% au Québec et de 22% en Ontario en 1971. Le taux québécois a ensuite stagné jusqu'en 1975, avant de rejoindre le taux ontarien à 25% en 1985. Les deux provinces ont ensuite fait des gains similaires, jusqu'à 36% de fréquentation en 1991. En Ontario, le taux a ensuite stagné jusqu'au début du millénaire, pendant qu'au Québec, il baissait à 30%. Les deux provinces ont par la suite enregistré des gains, mais le Québec est resté derrière l'Ontario.

Réformes Ryan

«On comprend mal pourquoi le taux québécois a autant baissé dans les années 90», indique Alex Usher, de l'organisme torontois Higher Education Strategy Associates. «Les réformes Ryan à la fin des années 80 ont fait mal. Je le sais, j'ai moi-même manifesté parce que j'étudiais à Montréal. Mais sous les péquistes, à partir de 1994, ç'a été le gel. Pendant ce temps, en Ontario, il y a eu constamment des hausses à partir de la fin des années 80, puis une importante hausse avec Mike Harris au milieu des années 90. Et pourtant, en Ontario, la fréquentation s'est maintenue.»

Ross Finnie, un économiste de l'Université d'Ottawa qui a publié plusieurs études démontrant que les facteurs économiques influencent peu la décision d'aller ou non à l'université, note que l'Ontario peut avoir été avantagé par une proportion plus forte d'immigrants. En effet, ceux-ci sont souvent plus susceptibles d'envoyer leurs enfants à l'université. Une étude de M. Finnie a notamment démontré que les francophones de l'extérieur du Québec sont aussi susceptibles que les anglophones d'aller à l'université, alors qu'au Québec, le taux de fréquentation des francophones est 6% moins élevé que celui des anglophones.

Selon M. Usher, les progrès québécois des années 70 sont essentiellement attribuables aux investissements publics dans les universités, notamment la construction de nouveaux campus. «Les droits de scolarité étaient bas partout au Canada à ce moment.»

En chiffre

> 6% Au Québec, le taux de fréquentation des francophones est 6% moins élevé que celui des anglophones.