Le rejet par de nombreuses associations étudiantes de l'entente conclue le week-end dernier avec le gouvernement Charest et son désaveu avec des mots durs, après l'avoir ratifiée, par deux associations étudiantes, a fait craindre le pire pour la quatorzième manifestation nocturne consécutive tenue lundi soir à Montréal.

Cependant, malgré la tenue au même moment d'une contre-manifestation, la marche s'est déroulée dans un calme relatif. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne rapportait aucune casse ou arrestation, en début de nuit.

Comme pour les 13 soirs précédents, la manifestation d'environ un millier de «rouges» s'est ébranlée de la place Émilie-Gamelin, vers 20h30. À quelques quadrilatères de là, métro Papineau, les étudiants en faveur de la hausse des droits de scolarité et d'un retour rapide en classe s'étaient aussi donné rendez-vous pour faire entendre leur voix. Parés d'un carré vert, en opposition au bout de tissu rouge emblématique porté par leurs vis-à-vis, une petite centaine de manifestants a répondu à l'appel des organisateurs, qui ont indiqué sur le site Facebook «vouloir montrer qu'on existe, que des étudiants veulent retourner en classe et que non, on n'est pas d'accord avec les associations étudiantes.»

Dès le départ, les rouges ont fait marche vers l'est, manifestement avec le dessein de faire la jonction avec les contre-manifestants verts.

À la hauteur de la rue Papineau, les policiers de l'escouade antiémeute du SPVM ont bloqué la progression du cortège afin d'éviter une rencontre entre les manifestants rouges et verts. Habituellement prolixe sur Twitter depuis le début du soulèvement étudiant, le SPVM a même cessé de donner le trajet en temps réel de manifestants verts.

Le service policier a expliqué avoir cessé de publier leur progression «étant donné qu'ils ne causent pas de problème de circulation».

Après avoir emprunté divers itinéraires sans succès, les manifestants rouges ont alors tenté d'échapper aux policiers en se dispersant en courant, puis ils se sont regroupés pour effectuer un passage devant le quartier général de la Sûreté de Québec, rue Parthenais, au sud de la rue Ontario.

«Tassez-vous s'il vous plait», ont-ils lancé aux policiers qui leur interdisaient le passage vers le nord.

Un peu plus tard, le SPVM a écrit que «[la manifestation des rouges] se déplace vers l'ouest sur Sherbrooke, passé Papineau. Tout se déroule dans l'ordre».

Rencontrée dans le groupe des rouges, Alexandra Élie, une élève du Cégep de Lanaudière, à l'Assomption, s'est déclarée insatisfaite de l'entente intervenue samedi. «Cette offre ne répond à aucune demande. Je veux qu'on nous parle des droits de scolarité», a-t-elle dit.

De son côté, Benoit Rioux-Couillard, un étudiant à l'UQAM, ne se décourage pas, malgré 84 journées de grève. «Je ne vois peut-être pas la lumière au bout du tunnel, mais au moins, je vois 170 000 personnes qui sont derrière moi.»

Futur cégépien, Jérémy Towner a dit s'inquiéter de voir qu'il y a un peu moins de participants à cette 14e manifestation nocturne. «Ce n'est pas vrai que les étudiants sont riches. Moi, je paie mes études, mon appartement et ça vient de me coûter 500$ chez le dentiste. Mes parents sont gentils, mais ils ne sont pas riches», a-t-il expliqué.

Les manifestations de lundi se sont déroulées dans un contexte tendu, plusieurs associations étudiantes ayant rejeté par vote au cours de la journée l'entente qui a été signée samedi entre le gouvernement et les représentants des étudiants.

Qui plus est, parce qu'ils estiment que l'entente écrite ne correspond pas à l'accord verbal, la CLASSE et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ont demandé publiquement lundi qu'elle soit revue et ils ont dénoncé l'attitude du gouvernement. Dans un courriel envoyé aux députés libéraux le week-end dernier, la ministre de l'Éducation Line Beauchamp soutient que la hausse ne sera pas compensée par une baisse des frais afférents. Pourtant, les associations affirment que l'entente verbale prévoyait la mise sur pied d'un comité multipartite pour étudier la gestion des universités et identifier des économies: chaque dollar épargné devait contribuer à diminuer la facture des frais afférents, soutiennent la CLASSE et la FEUQ.

Le fil des événements :

23h38 : Plusieurs prennent le métro Guy-Concordia. Environ 300 personnes poursuivent vers Westmount

23h03 : On tourne en rond. De retour sur Ste-Catherine près du QG du SPVM

22h59 : Après un saut dans le quartier chinois, la manifestation remonte vers le nord sur

22h34 : Sit-in coin Ste-Cath et Berri

22h33 : Slogan: «s'ils nous enlèvent nos masques, on leur enlève leur casque»

22h31 : Retour à la place Emilie-Gamelin, mais la marche se poursuit

22h11 : Les verts pro-hausse seraient 70. Ils ont pris le métro il y a un bout de temps. Destination inconnue

21h52 : Les policiers qui accompagnent la manifestation viennent de recevoir un projectile par la tête

21h49 : Une nouveauté : «Charest, prison, échappe pas ton savon»

21h45 : Slogan: «Tremblay, fuck you, je manifeste masqué»

21h43 : Le SPVM a encore bloqué la rue Ontario vers l'ouest. On semble faire un périmètre autour du QG de la SQ

21h38 : Le SPVM cesse de publier les déplacements des verts «étant donné qu'ils ne causent pas de problème de circulation»

2136 : Coin de Bullion/Logan: d'autres policiers bloquent le nord. «SVP, tassez-vous», crient les manifestants

21h29 : Les manifestants se sont rassemblés. Ils "cherchent" les verts pro- hausse. Un vrai West Side Story

21h26 : Les manifestants s'éparpillent et courent dans tous les sens pour déjouer les policiers.

21h24 : Les rouges se font encore bloquer la rue. Cette fois-ci sur de Lorimier.

21h22 : Le SPVM tente a tout prix de bloquer l'acces de la manifestation rouge à la manifestation verte. Encore une rue barrée.

21h17 : Scène cocasse dans le Village. Des danseurs nus en bedaine regardent passer la manifestation devant leur bar.

21h15 : Sur Papineau, l'anti-émeute bloque la route pour poursuivre vers l'est

21h07 : Les manifestants ne sont pas particulièrement bruyants ce soir les slogans ne lèvent pas