Fenêtres placardées, mobilier urbain rangé, policiers omniprésents... Victoriaville se prépare au pire.

Depuis mercredi, les pompiers ont rencontré le plus de commerçants possible en vue du congrès général du Parti libéral du Québec (PLQ) et des 2000 à 10 000 manifestants qui comptent venir faire entendre leur mécontentement au premier ministre.

Le service de sécurité incendie a recommandé aux commerçants de ranger tout ce qui se trouve devant leur façade: bacs à fleurs, poubelles, chaises et tables.

«Nous, on avait des roulottes de camping qu'on a déplacées. On a rangé les poubelles et les poteaux de signalisation. Bref, on a caché tout ce qui aurait pu servir de projectile aux manifestants», dit Lyne Caouette, la fille de la propriétaire de l'Auberge Hélène, à un coin de rue de l'hôtel Le Victorin qui accueille le congrès du PLQ.

«Un peu comme tout le monde à Victoriaville, on ne sait pas à quoi s'attendre. On n'a jamais reçu autant de manifestants et on espère que ça ne sera pas comme ce qu'on voit à Montréal à la télévision», dit Mme Caouette qui est fâchée que le PLQ ait choisi de tenir son congrès annuel dans sa ville.

La boutique de décoration Créations Parent, située juste en face du centre des congrès, n'a pris aucun risque : vendredi matin, des employés s'affairaient à placarder les fenêtres. Le commerce a décidé de fermer ses portes et ne rouvrira que lundi matin. «On agit en bon père de famille en protégeant nos employés, à qui on a donné congé, et en protégeant nos biens», a dit Lorraine Ricard, gérante du magasin.

Juste à côté, le concessionnaire Harley Davidson a entreposé ses motos hors de la vue des manifestants. Le commerce a également décidé de fermer pour le week-end, même s'il s'agit des meilleures journées pour son chiffre d'affaires. Trois agents de sécurité ont également été engagés et protégeront les lieux 24 heures sur 24. «C'est comme invraisemblable. Au début de la semaine, on était en état de panique, mais on a eu le temps de se préparer et je me sens plus confiante», a dit la gérante, Mélanie Poisson.

Une simple clôture métallique protégeait l'hôtel Le Victorin vendredi matin. Quelques policiers de la Sûreté du Québec surveillaient également les différentes entrées de l'établissement.

Un maire préparé

Le maire de Victoriaville s'attend à recevoir de 2 000 à 10 000 visiteurs en fin de semaine dans sa municipalité de 43 000 habitants. «Quand j'ai appris dimanche dernier que le congrès était déplacé à Victoriaville, j'ai eu un frisson dans le dos en pensant aux images que j'avais vues de Montréal», raconte Alain Rayes.

Tout au long de la semaine, il a répété que sa ville n'était pas un symbole économique et qu'on ne tolérerait aucune violence ni aucun bris.

M. Rayes est conscient du fait que, si les manifestations se déroulent dans le calme, le congrès sera une excellente vitrine pour sa ville. «On a fait une démonstration de force en cinq jours. On a réévalué nos mesures d'urgence, on a rencontré les commerçants et on montre qu'on peut organiser d'importants congrès. Dimanche dernier, le mot Victoriaville était l'un des plus populaires sur Twitter. Il y a des gens qui seraient prêts à payer pour se genre de publicité», résume-t-il.