Après 12 semaines de conflit avec les étudiants, le gouvernement gagne des points auprès des Québécois sur la question de la hausse des droits de scolarité, révèle un sondage CROP réalisé à la demande de La Presse.

> En graphique: les Québécois et le conflit étudiant

Notre dossier sur le conflit étudiant

Plus des deux tiers (68%) des Québécois appuient la position du gouvernement d'étaler sur sept ans la hausse de 1625$ des droits de scolarité. Une proportion de 38% des gens se dit «totalement» en faveur de cette position.

Le tiers (32%) de la population se dit plutôt favorable à la position des étudiants qui est de réclamer le gel des droits de scolarité. Une faible proportion de 12% dit les appuyer «totalement».

Sur la hausse des droits de scolarité, «les gens prennent une position forte pour le gouvernement et c'est très rare en ce moment», analyse le vice-président de CROP, Youri Rivest, en rappelant le faible taux de satisfaction globale à l'égard du gouvernement Charest.

Le sondage a été mené en ligne mercredi et hier, soit quelques jours après que le gouvernement eut déposé l'offre d'étaler la hausse sur sept ans plutôt que cinq et d'apporter certaines bonifications au régime de prêts et bourses.

Il survient au lendemain de la contre-proposition des fédérations étudiantes qui ont répété vouloir un gel des droits de scolarité et proposé des solutions de rechange pour financer les universités.

«Les gens veulent que le conflit se règle. Ce que la population décode, c'est de l'ouverture de la part du gouvernement, mais pas de la part des étudiants», avance M. Rivest.

En moins de deux mois, le gouvernement a gagné 9 points dans l'opinion publique sur la question du conflit étudiant.

Questionnés par CROP en mars sur leur appui à la position du gouvernement de hausser les droits de scolarité et l'idée de forcer le retour en classe, 59% des gens se disaient en accord. La proportion a grimpé à 68% moins de deux mois plus tard.

L'annonce de la semaine dernière, combinée à un premier pas au début du mois d'avril sur une bonification du régime de prêts, peut avoir influencé l'opinion des gens, croit M. Rivest.

«Il y a cela d'un côté et, de l'autre, les gens associent les étudiants à des manifestations, à de la violence, à une brisure de la paix sociale. C'est ce qui joue contre les étudiants», pense-t-il.

Les manifestations se multiplient depuis le début de la grève et plusieurs ont dégénéré, ce qui a donné lieu à du grabuge et à du vandalisme.

Au début de la grève, les avis étaient divisés. Douze semaines plus tard, le sondage montre que deux personnes appuient le gouvernement contre une qui appuie les étudiants.

«Les étudiants n'ont pas réussi à susciter la sympathie de l'opinion publique et leurs appuis reculent», analyse M. Rivest.

La solution ne passe pas par des élections

Par contre, les Québécois ne vont pas jusqu'à donner carte blanche au gouvernement pour déclencher des élections afin de régler le conflit. Seulement 46% des gens se disent d'accord avec cette position.

Questionnés sur d'éventuelles solutions, près de 40% des gens pensent que la meilleure solution pour dénouer l'impasse reste encore de maintenir la hausse des droits de scolarité.

Cette proposition obtient l'appui de 46% des répondants de 35 à 55 ans. «C'est davantage les pères de famille qui maintiennent l'attitude dure à l'égard des étudiants», comprend M. Rivest.

Parmi les autres avenues potentielles pour une sortie de crise, près d'un tiers (29%) des Québécois proposent de nommer un médiateur. Une solution qui a l'appui d'un plus grand nombre de femmes.

Un Québécois sur cinq (21%) suggère de décréter un moratoire et de convoquer des états généraux, comme le demandent les étudiants. Seulement 10% des gens sont d'avis que le gouvernement devrait renoncer à la hausse.

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Méthodologie

La collecte de données en ligne s'est déroulée les 2 et 3 mai 2012 par l'entremise d'un panel web. Un total de 800 questionnaires ont été remplis. Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population adulte du Québec selon le sexe, l'âge, la région de résidence et la langue maternelle des répondants. Notons finalement que compte tenu du caractère non probabiliste de l'échantillon, le calcul de la marge d'erreur ne s'applique pas.