La Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) a donné jeudi sa réponse à l'offre qu'avait faite le gouvernement la semaine dernière pour régler le conflit étudiant. Mais le gouvernement a aussitôt rejeté cette contre-proposition.

La CLASSE croit qu'il est possible de ramener les droits de scolarité à ce qu'ils étaient en 2007, voire d'offrir la gratuité scolaire, sans puiser dans la poche des contribuables, et ce, tout en améliorant le financement des universités. Elle propose notamment de mettre les banques à contribution pour financer le gel des droits de scolarité. L'un de ses porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois, estime que «la hausse des droits de scolarité n'est pas inévitable».

Dans un plan qu'elle qualifie de «responsable», la CLASSE propose quatre mesures pour assurer la pérennité des universités sans imposer davantage les étudiants ou les contribuables. Elle suggère aussi l'instauration progressive d'une taxe sur le capital.

«Il faut demander aux banques de faire leur juste part dans le financement de l'éducation afin de financer non seulement un gel des droits de scolarité, mais encore plus, la gratuité scolaire, qui pour nous représente le meilleur moyen de s'assurer d'une réelle accessibilité des études», a déclaré M. Nadeau-Dubois.

Comme les deux fédérations étudiantes, la CLASSE demande la tenue rapide d'états généraux sur l'éducation postsecondaire «pour mettre un holà à tout ce qui va tout croche dans nos universités».

Questionné sur la raison pour laquelle les organisations étudiantes n'ont pas soumis une contre-proposition commune au gouvernement, Gabriel Nadeau-Dubois rappelle que le mouvement étudiant est pluriel. «Le mouvement étudiant n'est pas dans une grève sur la base d'un front commun. C'est très clair depuis le début. [...] Nous avons un objectif commun qui est de bloquer la hausse des droits de scolarité.»

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, accuse la CLASSE de «rester campée» sur la même position depuis le début du conflit en revendiquant la gratuité scolaire. «La CLASSE n'a pas bougé. Ça ne facilite pas un rapprochement et un règlement», a-t-elle affirmé.

Pour la première fois depuis vendredi, son cabinet a donné un coup de fil à la FEUQ et à la FECQ. L'entretien a porté sur la gestion des universités. Rappelons que Line Beauchamp avait accueilli avec ouverture un élément de la contre-proposition des fédérations présentée mardi: la création d'un organisme de surveillance des universités. Elle avait elle-même accepté de créer un conseil d'évaluation des universités. Cette mesure fait partie de l'offre qu'elle a faite vendredi dernier.

«La question de la gestion des universités, j'ai toujours dit clairement que nous étions ouverts à cela. Partons de l'élément positif, il y en a un, on est capable de bâtir des discussions autour de ça», a affirmé Line Beauchamp.

Il n'est pas question de négociations pour le moment. «Nous n'en sommes pas là. Je suis plus en train d'établir si on est capable de se mettre en mode discussion sur la gestion des universités», a-t-elle dit.

La FEUQ a tenu à apporter des précisions sur l'appel du gouvernement. Selon elle, le chef de cabinet de Mme Beauchamp a posé «quelques questions techniques» à son attachée politique au sujet de l'idée de créer une commission d'évaluation des universités. «Ça n'a pas duré très longtemps», a noté Mathieu Le Blanc, attaché de presse de la FEUQ. «Selon nous, rien ne laisse présager une reprise des discussions.»

Propositions de la CLASSE sur le financement des universités:

- Réduire la part consacrée à la recherche dans les universités pour l'investir dans l'enseignement. La CLASSE croit que la recherche est surfinancée au Québec comparativement au reste du Canada et qu'elle est orientée en fonction des besoins des entreprises.

- Mettre fin à la publicité commerciale que font les universités. Elles y ont consacré 80 millions depuis cinq ans.

- Gel immédiat des salaires et de l'embauche de nouveaux cadres supérieurs.

- Moratoire sur la création de campus satellites comme celui de l'Université de Sherbrooke à Longueuil.