Trente-cinq présumés casseurs, dont 6 mineurs, ont été arrêtés lors des frappes chirurgicales effectuées par le Service de police de la ville de Montréal lors de la manifestation d'hier soir. Vingt-quatre hommes et 11 femmes ont été appréhendés.

Plusieurs d'entre eux feront face à de graves accusations: agression armée et agression armée contre un agent de la paix, notamment. Certains ont été appréhendés pour méfaits ou en vertu d'autres règlements municipaux.

Au lendemain d'une quatrième soirée de manifestation consécutive, les autorités ne déplorent toutefois aucun blessé. Des casseurs ont néanmoins lancé des projectiles dans leur direction.

Dans les dernières semaines, les autorités cherchaient à disperser l'ensemble de la foule une fois la manifestation qualifiée d'illégale. Mais, hier soir, les policiers ont préféré opérer de façon ciblée, interrompant la marche pour intervenir avant de laisser repartir les manifestants pacifiques. Les réseaux sociaux ont rapidement été inondés de félicitations aux forces de l'ordre pour avoir opéré de la sorte.

Manifestation pacifique malgré la tension

Pour la quatrième journée consécutive, policiers et manifestants se sont retrouvés dans les rues de Montréal pour une marche nocturne, qualifiée d'illégale par les autorités moins de deux heures après son départ.



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La manifestation avait pour thème «c'est pas une offre, c'est une insulte», selon l'invitation créée sur le site Facebook. Environ 3000 personnes avaient confirmé leur présence à l'événement en fin d'après-midi.

Au moment de mettre sous presse, quelques vitrines avaient été fracassées et des balles de peinture lancées. Les casseurs ont rapidement été hués par les manifestants. En tout, 35 personnes ont été arrêtées.

Comme ils en ont pris l'habitude depuis le milieu de la semaine, des étudiants mécontents de l'attitude de Québec sont partis de la place Émilie-Gamelin vers 21h, avant de serpenter dans les rues du centre-ville. La marche a été ponctuée de lancements de pièces pyrotechniques.

Malgré les pressants appels au calme lancés par le gouvernement et l'offre annoncée dans l'avant-midi par Line Beauchamp et Jean Charest, plusieurs milliers de manifestants ont battu le pavé toute la soirée. La manifestation a été déclarée illégale peu après 22h, parce que, comme la veille, «plusieurs projectiles [avaient] été lancés vers les policiers», selon les autorités.

Une quarantaine de minutes auparavant, la tension avait atteint son paroxysme à l'intersection de la rue Ontario et du boulevard Saint-Laurent. Les manifestants ayant dévié du trajet remis aux policiers, des policiers de l'unité antiémeute ont tenté de faire reculer l'ensemble du cortège dans le boulevard Saint-Laurent. Peine perdue. «Il y a un groupe qui a tenté de dépasser les organisateurs» et a fait dévier la manifestation, a relaté Yannick Ouimet, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Après des affrontements, au moins une arrestation et l'utilisation de gaz poivre, le SPVM a décidé de battre en retraite, permettant aux marcheurs d'emprunter la rue Ontario vers l'ouest.

La tension a alors rapidement baissé

Ce n'est qu'une trentaine de minutes plus tard que la manifestation a été qualifiée d'attroupement illégal par les policiers. Et comme la veille, le SPVM a indiqué après quelques minutes que le cortège étant revenu au calme, les manifestants seraient tolérés. «La [manifestation] est illégale, mais le SPVM n'est pas en mode dispersion. Si aucun autre crime ne survient, elle se poursuit», ont indiqué les forces de l'ordre peu après 22h30.

Le SPVM est ensuite rapidement passé à l'action pour mettre la main au collet d'une trentaine de présumés casseurs marchant devant la bannière de tête, comme à leur habitude. Le cortège a été immobilisé quelques minutes à l'intersection des rues Sainte-Catherine et Bleury.

Rappelons que mardi et mercredi, les manifestations de nuit ont été marquées par de la casse et des affrontements entre protestataires et policiers. Jeudi, la manifestation a été déclarée illégale seulement 10 minutes après son début puisque des projectiles auraient été lancés en direction des policiers. Toutefois, les participants ont continué à marcher pendant près de quatre heures. Comme la marche se poursuivait pacifiquement, les policiers ont laissé l'événement se dérouler.

Arrestation de masse à Québec

Plus tôt dans la journée d'hier, à Québec, les policiers municipaux ont procédé à une arrestation de masse visant une manifestation de la CLASSE dont l'itinéraire ne leur avait pas été remis. Plus de 80 personnes ont été appréhendées tout près de l'hôtel du Parlement.

Les arrestations ont été qualifiées d'«arbitraires» par l'association étudiante. Selon les informations accessibles hier soir, les marcheurs auraient été appréhendés pour une infraction au Code de la sécurité routière interdisant aux piétons de se trouver dans les rues. Ils ont été cueillis un par un avant d'être placés dans des autobus du Réseau de transport de la Capitale (RTC).

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EN CHIFFRES

7: Le nombre de cégeps qui ont annulé leur trimestre d'été

> Collège Édouard-Montpetit

> Cégep de la Gaspésie et des Îles (campus de Gaspé)

> Collège Montmorency

> Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu

> Cégep de Saint-Hyacinthe

> Cégep de Saint-Jérôme

> Collège de Valleyfield

Selon le règlement sur le régime des études collégiales, «les cégeps n'ont pas le pouvoir d'annuler le trimestre d'hiver. C'est à la ministre de l'Éducation de prendre la décision», rappelle Caroline Tessier, directrice des communications de la Fédération des cégeps.

36,4% des élèves et étudiants aux études postsecondaires boycottent leurs cours.

Plus exactement, 176 701 sur un total de 485 832 sont en grève.

(Selon les chiffres de bloquonslahausse.com et du ministère de l'Éducation)

CLASSE

En grève: 86 000

Total: 99 166 membres

62 associations membres: 19 cégeps et 43 associations universitaires d'étudiants en arts, lettres et sciences humaines, principalement à l'UQAM, l'Université de Montréal et l'Université Laval.

FEUQ

En grève: 60 000

Total: 125 000 membres

15 associations membres, les plus grandes étant le Concordia Student Union (CSU) et la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAÉCUM).

FECQ

En grève: 40 000

Total: 80 000 membres

23 associations membres, dont la plus grande partie est située en région. Seulement trois associations (Rosemont, Ahuntsic et André-Laurendeau) sont à Montréal. Une seule est anglophone.

* Certaines associations sont affiliées à deux organisations étudiantes - la CLASSE et l'une ou l'autre des fédérations. Le nombre réel d'élèves et étudiants en grève est de 176 701.