Des médias qui couvraient la marche étudiante mercredi soir ont été la cible de manifestants.

Un reporter de La Presse a été interpellé par des individus tandis qu'un vidéaste a reçu une balle de peinture près de l'oeil. Du côté de TVA, les reporters ont été intimidés verbalement et physiquement et l'un d'eux a été blessé à un bras. «Trois de nos véhicules ont été vandalisés, un cameraman a été bousculé et sa caméra endommagée, explique Véronique Mercier, directrice des communications du Groupe TVA. De plus, des vitrines de TVA, boulevard De Maisonneuve, ont été fracassées durant la nuit.» Pour sa part, Radio-Canada compte deux camions de transmission vandalisés.

«On condamne les gestes à l'endroit des personnes et c'est déplorable qu'on se soit attaqué à des journalistes, affirme Daniel Crespo, porte-parole de l'Association facultaire étudiante de science politique et droit de l'UQAM (AFESPED), qui a organisé la manifestation. En même temps, on peut comprendre la colère des étudiants devant le traitement médiatique des grands empires comme Quebecor ou Power Corporation, dont les chroniqueurs et les éditorialistes ridiculisent la grève et se font les porte-parole du Parti libéral.»

«Il est déplorable de viser les journalistes, observe pour sa part le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Brian Myles. Ils sont neutres, il faut les laisser travailler.»

Pour Éric Trottier, éditeur adjoint de La Presse, il est inacceptable qu'on s'en prenne aux journalistes. «Je peux comprendre que les étudiants n'apprécient pas la position éditoriale de La Presse, mais j'aimerais leur rappeler que La Presse est un journal aux opinions extrêmement variées. Depuis le début de ce conflit, on peut lire tous les jours dans nos pages des textes en faveur du mouvement étudiant. Et puis, s'en prendre aux journalistes parce qu'on n'est pas d'accord avec des opinions, on voit ça dans des pays totalitaires, pas dans une société démocratique. Je m'attends donc à ce que les étudiants condamnent ces gestes.»

Des journalistes ont également été pris à partie par les policiers au cours de la manifestation de mercredi. Un journaliste du Devoir, Marco Bélair-Cirino, s'est fait pousser par un policier qui lui a déclaré que «sa carte de presse ne valait rien», un geste que la rédactrice en chef du quotidien, Josée Boileau, qualifie d'«entrave au travail journalistique». Trois cameramen - de La Presse, de CTV et de la télé universitaire CUTV - ont été aspergés de gaz irritant. «Notre cameraman ne s'est pas senti visé, précise Jed Kahane, directeur de l'information de CTV. Il était dans le feu de l'action.»

À CUTV, on affirme que le cameraman était à l'écart, la carte de presse bien en vue sur ses vêtements, mais que les policiers l'ont tout de même visé.

En point de presse avec le maire de Montréal hier après-midi, le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Marc Parent, a assuré qu'outre «du poivre de Cayenne envoyé sur une caméra» et de «petits incidents» où des journalistes ont été pris à partie par des manifestants, ça s'était bien passé avec les journalistes.