Des années après son passage à l'école secondaire Saint-Joseph, Léo Bureau-Blouin laisse encore sa marque.

Son ancienne enseignante de français présente aux élèves l'enregistrement d'une performance de Léo lors d'un concours de débats oratoires.

Une activité qui a été déterminante pour lui. Son équipe avait gagné le concours régional. «C'était clair, c'est lui qui avait volé la vedette», se rappelle son enseignante, Michèle Lemelin.

L'automne dernier, à la demande de cette dernière, il est allé parler aux élèves de cette école privée de Saint-Hyacinthe avec quelques amis.

Ils ont improvisé un débat oratoire sur la hausse des droits de scolarité. Pour que ce soit équitable, Léo s'est rangé dans le clan qui appuie la hausse, contre ses principes. «C'est quand même lui qui a gagné», dit-elle.

À 20 ans, il est devenu un bon communicateur, mais rien ne le destinait à se retrouver sous le feu des projecteurs.

Plutôt calme, il a baigné dans une ambiance où la culture était valorisée. Il a suivi des leçons de piano pendant plusieurs années.

Ses parents travaillent tous les deux dans le milieu des arts visuels et contemporains. Ils se sont connus à une époque où le père de Léo dirigeait un collectif de jeunes sans emploi qui voulait mettre fin à une mesure discriminatoire dans le programme d'aide sociale.

Jeune, leur garçon s'intéressait à tout. «On avait beaucoup de discussions à la table, pas seulement des questions d'ordre politique, mais aussi des questions d'ordre philosophique, qu'est-ce que la justice, par exemple. Le Siècle des lumières est quelque chose avec lequel Léo est très familier», relate son père, Marcel Blouin.

Léo était doué à l'école. Il a sauté une année au primaire. «Il cherchait à comprendre les choses plutôt qu'à organiser», ajoute son père.

Il est devenu un adolescent qui articulait bien sa pensée, qui avait une vaste connaissance générale et un bon esprit de synthèse. S'il avait de bonnes notes, il faisait aussi beaucoup de critiques.

«Quand il y avait injustice, incohérence, il était capable de mettre le doigt dessus et de nous le renvoyer», confirme Michèle Lemelin.

Devant des professeurs plus rigides, il éprouvait des difficultés. «J'ai eu des retenues, se rappelle Léo. Je me souviens de mon cours d'espagnol où je n'ai pas été un leader très positif. Je me suis d'ailleurs excusé auprès de l'enseignante.»

La lecture a toujours occupé une place importante dans sa vie. L'organisateur social américain Saul Alinsky et les mémoires de Barack Obama ont inspiré ses premières années de vie adulte.

Au cégep de Saint-Hyacinthe, où il a étudié en sciences humaines, une amie l'a encouragé à se joindre à l'association étudiante plutôt que de simplement se montrer critique.

Il a rapidement gravi les échelons jusqu'à se retrouver président de la Fédération étudiante collégiale du Québec. Il termine son deuxième et dernier mandat.

Se retrouver au coeur de la tempête est déstabilisant, reconnaît-il en louangeant l'équipe qui l'entoure.

Ce doit être difficile pour lui, pense son ancienne enseignante. «Il est sensible. Il a l'impression de faire la bonne chose et ça doit être difficile de se rendre compte que ce n'est pas tout le monde qui partage ses opinions.»

Son père croit qu'il devra prendre du recul pour se ressourcer. Une vision que partage son fils qui souhaite étudier en droit à l'Université de Montréal.