Xavier Dolan le trouve sexy. Quand il sort au Café Campus, des filles crient son nom. Il est invité à Musique Plus, à l'émission Des kiwis et des hommes en plus d'être un abonné des bulletins d'information.

À titre de co-porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois se retrouve souvent pris entre l'arbre et l'écorce.

La CLASSE n'a pas de hiérarchie, rejette le star-système et ne veut pas personnifier le débat. Les membres ont reproché à Gabriel de manquer de transparence. Depuis, il refuse toute entrevue à caractère personnel.

Mais sur la place publique, c'est lui qui essuie les attaques, souvent personnelles. On voit des caricatures de lui en Ben Laden et en révolutionnaire russe. Victime de harcèlement, il a aussi déposé une plainte à la police.

«C'est difficile, reconnaît-il du bout des lèvres. Mais en même temps, c'est la preuve qu'on dérange.»

Il n'a que 21 ans, rappelle son père, Gilles Dubois. «Je suis inquiet de l'impact que cela peut avoir sur le plan affectif.»

Son ancienne attachée de presse et amie proche, Anne-Marie Provost, raconte qu'elle a parfois du mal à reconnaître son ami.

«On ne voit pas ce côté publiquement, mais c'est un bon vivant, une personne qui aime rire. Dans des soupers entre amis, on peut passer la soirée et une partie de la nuit à parler et rire.»

Attaqué dans des débats souvent virulents, Gabriel garde son calme et réussit à présenter ses idées. «Plus la personne devant lui l'affronte et essaie de le planter, meilleur il est», affirme son amie.

Il a commencé à militer au sein de l'association étudiante du cégep de Bois-de-Boulogne. Il faisait de la mobilisation sur le terrain, en distribuant des tracts dans les cafétérias, en argumentant avec les élèves.

Il s'est ensuite occupé des communications à l'Association pour une solidarité syndicale étudiante avant de devenir porte-parole.

Gabriel baigne dans le militantisme depuis son enfance. Ses parents se sont rencontrés dans le mouvement étudiant catholique. Son père a été un militant syndical, avant de se tourner vers les causes environnementales.

Plus jeune, Gabriel l'accompagnait dans des manifestations et des assemblées syndicales. Une époque où l'on parlait de libre-échange et de mondialisation.

«Il devait faire ses devoirs pendant l'assemblée, mais il écoutait à la place. Il s'est intéressé rapidement à ces questions», se souvient Gilles Dubois.

Jeune, il était déjà curieux. Il lisait La Presse et souhaitait devenir journaliste international, se souvient son père. «Ce n'était pas un enfant rebelle, mais il fallait lui expliquer les choses.»

Au Collège Regina Assumpta, école privée réputée de Montréal, il obtenait de bons résultats, mais remettait tout en question.

Quand la direction a voulu nommer des représentants de classe, Gabriel s'est opposé en affirmant que c'était aux élèves de les élire. L'année suivante, c'était chose faite.

Dans une lettre de recommandation écrite en 2008, son enseignante de mathématiques, Lucie Hamel, a dit de lui qu'il avait une intelligence vive. Il était à l'écoute de son groupe. Le choc des idées, même avec les adultes, ne lui faisait pas peur. Il aimait argumenter, c'était un leader né que les élèves suivaient.

Gabriel écarte pourtant toute carrière en politique active. Il croit au pouvoir des mouvements sociaux. Il étudie en histoire à l'Université du Québec à Montréal et souhaite devenir professeur.