Loto-Québec a distribué en moyenne 11 000 billets de faveur par année depuis 2010 pour des événements qu'elle commandite, comme les courses du Grand Prix du Canada, les galas Juste pour rire, les spectacles du Festival d'été de Québec ou des matchs de boxe d'Interbox. On note toutefois depuis 2014 une baisse considérable, notamment attribuable à un témoignage devant la commission Charbonneau.

Obtenus des promoteurs en contrepartie des commandites versées, ces billets constituent, selon ce qu'explique la société d'État, un outil de marketing. Cela permet, entre autres choses, de remercier les grands clients commerciaux de Loto-Québec - dans les secteurs de la loterie, des casinos et des bingos, par exemple - en leur offrant des places de choix pour des spectacles populaires.

Les travaux de la commission Charbonneau ont toutefois démontré que la distribution de ces billets pouvait également être liée au financement du Parti libéral du Québec. À compter de 2004, le bureau de Pierre Bibeau, ancien organisateur libéral devenu premier vice-président de Loto-Québec Affaires publiques et communications, servait de véritable billetterie.

L'ancienne secrétaire de M. Bibeau a affirmé sous serment que son patron donnait beaucoup de billets à des proches de la famille libérale, des entrepreneurs et des ingénieurs (Marc Bibeau de Schokbéton, Bernard Poulin du Groupe SM, ou le collecteur de fonds Bernard Trépanier, par exemple).

Dans les mois suivant ce témoignage, Loto-Québec a révisé le mode de distribution des billets de faveur puisque jusque-là, aucune politique claire n'existait : le président, M. Bibeau ainsi que les autres premiers vice-présidents avaient accès aux billets de faveur pour les distribuer à leur guise.

Depuis 2014, la responsabilité du dossier des commandites a été confiée à la direction de l'engagement sociétal. « Il y a une planification en fonction des billets disponibles et des besoins commerciaux des unités d'affaires. La très grande majorité des billets est utilisée par ces unités d'affaires. Un petit nombre de billets est utilisé pour les promotions sur les médias sociaux et d'autres pour une campagne interne d'entraide », a indiqué la semaine dernière Marie-Claude Rivet, de Loto-Québec.

39% moins de billets

C'est également à partir de 2014 que la distribution de billets de faveur a diminué de façon importante. En 2010-2011, Loto-Québec avait distribué 12 390 billets, alors que pour l'année en cours, on parle de 7541 billets. Il s'agit d'une baisse de 39 %.

Mme Rivet a souligné que Loto-Québec demande davantage de visibilité que de billets lorsqu'elle signe une entente de commandite avec un promoteur d'événement. « C'est notre nouvelle façon de faire », a-t-elle précisé.

C'est à Montréal que l'on retrouve le plus grand nombre d'événements commandités.

En 2014-2015, on comptait 21 événements commandités (pour 3176 billets de faveur), dont Montréal en lumière, la Semaine italienne, le Festival Mode & Design, le Festival Présence autochtone et Montréal complètement cirque. Les commandites totalisaient plus de 5 millions.

À Québec, 14 événements ont reçu l'aide de Loto-Québec, ce qui représentait alors 1154 billets de faveur remis. Parmi les principaux événements, on retrouve le Carnaval de Québec, les Grands Feux Loto-Québec et le Grand Rire de Québec.

La Montérégie suit de près avec 10 événements (1053 billets) commandités. Loto-Québec a contribué, par exemple, à la tenue du Festival international de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu (354 349 $), du Festival international de percussions de Longueuil (95 000 $) et du Festival d'été de Mont-Saint-Hilaire (75 000 $).

Laval, troisième ville en importance du Québec, apparaît comme le parent pauvre quant aux commandites d'événements par Loto-Québec. En 2014-2015, seul le Mondial Loto-Québec a été financé (625 000 $) et l'événement n'existe plus. Le promoteur et artiste derrière le Mondial, Gregory Charles, a mis un point final à son projet qui aura duré 10 ans, parce que la nouvelle administration municipale faisait preuve de « frilosité », selon lui.

Tous ces chiffres ont été obtenus à la suite d'une demande en vertu de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels remontant à juin 2014. Loto-Québec refusait de remettre l'entièreté des documents réclamés en invoquant le secret industriel. Une entente est intervenue l'automne dernier.

- Avec la collaboration de Serge Laplante