Les ex-maires de Montréal et de Laval - et leurs partis respectifs - ont été écorchés par le rapport de la juge France Charbonneau dévoilé cet avant-midi, qui leur reproche d'avoir favorisé la corruption de façon active ou passive, selon le cas.

Sur la scène provinciale, le rapport détecte une «apparence de corruption» sans toutefois blâmer directement qui que ce soit.

À Laval, «une ristourne de 2 % était payée par les entreprises collusionnaires au parti du maire Vaillancourt», conclut ainsi le rapport, confirmant le témoignages de nombreux individus. Le plus gros des conclusions de la juge sont toutefois caviardées jusqu'à la fin du procès de l'ex-«Roi de Laval».

L'ex-maire de Montréal Gérald Tremblay en prend aussi pour son grade, mais dans un autre registre. Selon Mme Charbonneau, il «n'a pas non plus exercé adéquatement son rôle de contrôle et de surveillance de l'administration municipale, préférant s'en remettre au président du conseil exécutif».

En politique provinciale, le rapport note une «apparence de corruption politique» en raison des liens indirects entre les contributions politiques et l'octroi des contrats. 

«Si l'on peut parler d'une corruption politique dans des situations où l'on observe un lien direct entre le versement de contributions politiques et l'octroi de contrats publics, ces situations de liens indirects dénotent, quant à elles, une apparence de corruption politique. » Le rapport cite en exemple les contrats du MTQ accordés de gré à gré à des entreprises participant au financement du ministre.

Le rapport final de la CEIC constate aussi que la Sûreté du Québec accordait peu d'importance à la lutte à la corruption. Avant la création de l'escouade Marteau, la CEIC note que «la corruption ne constituait pas une priorité au sein du corps policier ». « De 1996 à 2008, [la SQ] n'a mené que six enquêtes liées à l'industrie de la construction. Plusieurs causes expliquent ce faible résultat : une affectation limitée de ressources, une approche d'enquête réactive et la dévalorisation des enquêtes en criminalité économique au sein du corps policier», peut-on lire.

Le rapport dénonce également l'absence d'intervention de la Commission municipale du Québec, elle qui a pourtant d'importants pouvoirs d'enquête en matière d'enquête. «L'exemple de l'inaction de la CMQ dans le cas de la Ville de Laval est emblématique des déficiences de l'organisme», constate le rapport de la CEIC.