Le syndicat à la tête des 2000 employés professionnels de la Ville de Montréal dénonce la présence de consultants du secteur privé qui travaillent à même les locaux de la Ville.

Comme La Presse le révélait ce matin, deux ingénieurs de la firme de consultants SM se sont récemment installés dans les bureaux de la Ville afin de coordonner les déploiements de grands chantiers de transports. Cette situation avait été dénoncée par le syndicat des quelque 400 ingénieurs de la Ville de Montréal.

Devant la Commission Charbonneau aujourd'hui, le syndicat des 2000 professionnelles et professionnels municipaux de Montréal a dit qu'elle n'était pas surprise par cette révélation. « Mais c'est le genre de décision de gestion qu'on a la misère à comprendre », a expliqué Gisèle Jolin, présidente du syndicat.

Cette dernière dit avoir connu une situation semblable à la fin des années 2000 dans le secteur de l'informatique à la Ville de Montréal. Dans certaines équipes, à l'époque, près d'un employé sur deux provenait du secteur privé. « Ils avaient accès à de l'information sensible », a-t-elle témoigné. « Ils travaillaient cote-à-cote avec les employés de la Ville. Ils ne savaient même pas que c'était des consultants tellement c'était implanté. »

Le syndicat des professionnelles et professionnels municipaux de Montréal n'est pas en mesure de chiffrer la situation à l'heure actuelle. Chose certaine, la situation a changé après 2008 avec la découverte d'une fraude informatique de 10 millions à la Ville de Montréal qui a mené au congédiement de trois fonctionnaires. Un stratagème de fausse facturation et d'entreprises fictives avait été créé pour permettre la fraude.

Fin du volet des mémoires

Plus tôt dans la journée, la Commission a entendu le président de la section québécoise de l'Institut canadien des économistes en construction, Jean Paradis.

Ce dernier estime que le système du plus bas soumissionnaire «facilite la vie aux criminels».

«On a un système de soumissions - et là, j'ouvre une grande boîte de Pandore - qui facilite la vie aux criminels. Notre système de plus bas soumissionnaire automatique, barré à tous crins, de notre avis à nous, c'est la façon la plus facile de permettre la collusion», a-t-il critiqué.

Par ailleurs, rien ne motive les entrepreneurs à réaliser un travail de qualité, dit-il, puisque le critère le plus important est toujours le prix des travaux et non la qualité.

« Dès qu'un entrepreneur reçoit un document d'appel d'offres, il va chercher partout où il y a des erreurs. Il va soumissionner de façon la plus serrée et légaliste possible. Par la suite, même si quelque chose relevait de l'évidence, l'entrepreneur va dire 'non, c'est un extra, ce n'était pas inclus dans le prix.' »

La commission Charbonneau a terminé aujourd'hui l'audition des témoins qui ont présenté des mémoires. Elle débutera son avant-dernier volet mercredi, avec l'audition d'experts. Deux représentants de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) seront entendus mercredi. Ce volet va durer trois ou quatre jours.

Avec Lia Lévesque de La Presse Canadienne