Les ouvriers de la construction de la Côte-Nord travaillent plus d'heures que la moyenne québécoise, a déclaré ce matin devant la commission Charbonneau, la présidente-directrice générale de la Commission de la construction du Québec (CCQ) Diane Lemieux, en réplique au témoignage du chef syndical Bernard « Rambo » Gauthier.

« Ça n'existe pas ça, 100 % des travailleurs d'une région qui travaillent à l'année », a déclaré l'ancienne ministre du Travail. « Les travailleurs de la Côte-Nord travaillent 1100 heures par année, soit 15 % de plus que la moyenne québécoise qui est de 966 heures », a-t-elle ajouté.

Devant la commission Charbonneau en février dernier, Bernard Gauthier a été questionné sur ses méthodes musclées, qui consistaient notamment à envoyer des groupes de travailleurs interrompre des chantiers lorsqu'il y avait un désaccord avec un employeur. La principale doléance de Rambo et de ses disciples: l'embauche insuffisante de travailleurs locaux.

C'est armée d'une longue liste de statistiques que Diane Lemieux s'est attaquée à l'argumentaire de Bernard Gauthier devant la commission Charbonneau ce matin.

Les travailleurs de la Côte-Nord qui travaillent sur la Côte-Nord travaillent plus que les travailleurs de l'extérieur de la Côte-Nord qui travaillent sur la Côte-Nord. Ils font en moyenne 1000 heures contre 600 heures pour leurs collègues des autres régions, a-t-elle dit.

« Globalement, au cours des dernières années, les travailleurs de la Côte-Nord ont absorbé 70 % du travail offert sur la Côte-Nord dans le domaine de la construction », a-t-elle déclaré.

La CCQ évalue par ailleurs que 19 % des Nord-Côtiers ont travaillé à l'extérieur de leur région pour 8 % du volume de travail.

Bernard « Rambo » Gauthier demande avec fougue l'imposition d'un ratio de main-d'oeuvre locale. Tant que la mobilité provinciale ne sera pas encadrée, l'intimidation sur les chantiers de la Côte-Nord persistera, a-t-il plaidé. Le syndicaliste coloré a même comparé la loi sur la mobilité provinciale, qui permet aux employeurs d'embaucher des travailleurs partout à travers la province, à des « excréments ».

« Il y a toutes sortes de motifs de se fâcher, toutes sortes de causes nobles. De vouloir que nos gens travaillent à proximité, dans notre région, c'est une cause qui se défend bien et qui a du sens, mais la fin ne justifie pas les moyens et tous les moyens ne sont pas bons », a déclaré Diane Lemieux. « Et dans le cas de la Côte-Nord, quand en plus les faits ne vont pas dans le sens que ce que portent certains représentants, c'est embêtant. »

Cette dernière a aussi comparé le phénomène du placement syndical à un « poison ».