Québec solidaire passe sa commande à la Commission Charbonneau: Amir Khadir fait fi de l'indépendance de la commission en exigeant que Jean Charest témoigne.

Insatisfait du cours de la commission, le député a dit, mercredi, que la commission avait entendu les exécutants, mais qu'il fallait maintenant entendre ceux qui décidaient, sinon elle décevra les Québécois.

Amir Khadir réagissait ainsi aux révélations de mardi à la Commission Charbonneau. On apprenait alors que le collecteur de fonds du Parti libéral du Québec, Marc Bibeau, se serait présenté comme conseiller du premier ministre Jean Charest, même s'il ne l'a jamais été. De plus, avant que les libéraux prennent le pouvoir, il aurait sollicité une firme de génie en laissant entendre qu'il pouvait influencer l'attribution des contrats à Hydro-Québec. Ces révélations ont été faites par un ancien président de la firme de génie RSW, Georges Dick.

C'est la preuve qu'il y a bel et bien eu trafic d'influences, selon Amir Khadir. En conférence de presse au parlement à Québec, il s'est toutefois demandé ce que la Commission Charbonneau attend pour aller plus loin, puisque Marc Bibeau devait certainement répondre à une commande politique. Il revient donc au chef du parti à l'époque d'en répondre.

Et actuellement, il est évident que la commission a un «problème de crédibilité», a-t-il soutenu, si à la fin il n'y a que du «menu larcin», des «petits poissons» et des exécutants.

«Je m'adresse solennellement à la Commission Charbonneau et à la juge (France Charbonneau), a-t-il déclaré. Les Québécois ont des attentes, nous sommes dans une situation où nous ne pouvons pas nous permettre d'être déçus. (...) Nous n'avons pas une commission pour identifier des exécutants ou des boucs émissaires.»

Selon M. Khadir, les anciens ministres Nathalie Normandeau et Guy Chevrette ou l'organisateur Marc Bibeau ne sont que des exécutants d'orientations décidées en haut lieu, mais il y a de grands absents, comme Jean Charest, qui doit témoigner, ou du moins la commission doit fournir une justification pour leur absence en raison, par exemple, d'enquêtes criminelles en cours.

«Les Québécois s'attendent à ce que M. Charest, un ancien chef du Parti québécois ou le chef actuel, et (l'ancien chef adéquiste) Mario Dumont (soient là), parce que tous ces partis-là ont été impliqués dans le financement illégal. (...) La commission n'a pas à se gêner», a-t-il dit.

Quant à l'indépendance de la commission, qui relève du pouvoir judiciaire, M. Khadir n'en a cure. «La commission n'est pas indépendante. La commission dépend de la volonté populaire. (...) La commission est libre de prendre les moyens à sa disposition, mais la commande est politique et vient de la population», a-t-il dit.

Et M. Khadir ne s'arrête pas là. L'actuel premier ministre Philippe Couillard a aussi sa part de responsabilité, aux yeux du député solidaire, qui lui demande de mettre fin aux chantiers hydroélectriques de La Romaine, pour démontrer que l'ère du trafic d'influence est terminée.

«Pourquoi on continue des projets qui nous ruinent, qui ruinent les finances publiques? (...) Des contrats donnés à des amis du parti pour financer la caisse du parti. Ce sont des contrats qui nous coûtent 500 millions $ parce qu'on produit de l'électricité à perte», a-t-il lancé.