Membre important du gouvernement Charest pendant plus de cinq ans, Philippe Couillard a avoué être agacé par les révélations faites à la commission Charbonneau vendredi. «Je n'aime pas cela du tout, mais en tout respect, il faut rappeler qu'il n'y a pas que le Parti libéral qui soit interpellé de cette façon.»

«Quand on est en politique, on ne vient pas pour faire des événements de financement. On le fait parce que le système est là et il faut que le parti recueille des fonds!», a dit Philippe Couillard en point de presse à La Malbaie, commentant les révélations de Tony Accurso. Plus tôt, l'entrepreneur avait expliqué qu'il transmettait lui-même les chèques de ses employés à Marc Bibeau, responsable du financement du PLQ. Tout le monde était conscient qu'il s'agissait d'une contribution déguisée des entreprises de l'homme d'affaires montréalais.

«C'était la façon de faire à l'époque, mais je crois que la grande grande majorité des contributions qui ont été faites à l'époque l'ont été de façon honnête!», a insisté M. Couillard. Il est utile de «mettre en exergue» ces dérapages passés, «mais il faut que la population sache que ce n'est plus comme ça du tout, l'environnement a changé». La loi sur le financement des partis a ramené de 3000 $ à 100 $ le plafond des contributions annuelles.

Dossier secret

M. Couillard a soutenu ne rien savoir quant à l'existence d'un dossier secret au Parti libéral pour le financement venu de Tony Accurso, le dossier «Tony A.» qui, selon ce qui a été entendu à la commission Charbonneau, aurait été saisi lors des perquisitions de la police au siège social du PLQ.

«Quand j'étais au parti avant, je n'étais pas au courant de ce genre de situation», a dit M. Couillard. Avec les changements à la Loi sur le financement des partis politiques, il observe avec soulagement «à quel point les changements au financement des partis ont changé le contexte pour le mieux. On n'a plus besoin de tenir de tels événements».

Si le PLQ a obtenu 61 000 $ en contravention des lois, ces sommes seront remboursées, a-t-il promis. «On l'a fait chaque fois que le DGE nous a ordonné de faire des remboursements. Ç'a été fait chaque fois, mais il faut que les choses soient avérées et établies.»

Sur les révélations de Tony Accurso voulant qu'il ait donné 250 000 $ à Jacques Duchesneau pour éponger les dettes de sa campagne à la mairie de Montréal en 1998, M. Couillard a joué de prudence. M. Duchesneau a opposé un démenti formel au témoignage sous serment de l'entrepreneur Accurso. «On est devant deux versions contradictoires, a constaté M. Couillard, c'est à la commission Charbonneau que revient le travail de jugement et d'équilibre.» Pas question pour lui de suggérer que la juge Charbonneau convoque de nouveau M. Duchesneau pour l'interroger sous serment sur ces nouvelles informations. «Ils ont l'information devant eux, décideront-ils de la compléter? C'est à la juge Charbonneau et à son équipe de décider. J'attends des réponses importantes dans ce rapport, sur les brèches qui restent à combler dans l'attribution des contrats publics.»