L'Association québécoise des lobbyistes (AQL) a transmis un mémoire à la commission Charbonneau qui souligne sa préoccupation à l'égard de la perception des activités d'influence encadrées par une loi. L'AQL craint que le lobbyisme ne soit amalgamé à des gestes de collusion et de corruption.

«Il faut faire la distinction entre le lobbyisme et le trafic d'influence. On voulait donc communiquer notre préoccupation», a indiqué hier le président de l'AQL, Mathieu Santerre. Selon ce dernier, les travaux de la commission Charbonneau «ont pu alimenter une certaine confusion dans l'esprit du public entre le lobbyisme, qui est parfaitement légitime, et les pratiques de collusion et de corruption».

Le lobbyisme est encadré au Québec par une loi depuis 2002, qui le définit comme «un moyen légitime d'accès aux institutions parlementaires, gouvernementales et municipales». De plus, l'AQL édicte des règles d'éthique pour guider les lobbyistes dans leurs activités d'influence.

80 mémoires

L'AQL est l'un des 80 groupes ou citoyens qui ont déposé un mémoire devant la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction (CEIC) afin de proposer leurs recommandations pour remédier à la collusion et à la corruption. Une poignée de groupes ont déjà rendu leurs recommandations publiques au cours des dernières semaines. La CEIC publiera aujourd'hui tous les mémoires sur son site web, a indiqué hier le porte-parole de la Commission, Richard Bourdon.

Amélioration de la Loi sur l'accès à l'information

La Presse a aussi obtenu le mémoire déposé par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). Elle plaide pour une réforme en profondeur de la Loi sur l'accès à l'information dans le souci de la «dépolitiser».

«Les journalistes d'enquête ont enquêté de façon efficace et soutenue sur la corruption et la collusion au Québec», écrivent les auteurs du mémoire, Pierre Craig et Brian Myles. «Dans ce travail fastidieux, la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels a été de faible utilité. Les coûts, les délais et les entraves sont si nombreux que la FPJQ demande une révision de fond en comble de cette loi qui accuse le poids de ses 32 ans.»

La FPJQ recommande aussi que le gouvernement du Québec se dote d'une loi pour protéger les lanceurs d'alerte, qui servent de sources aux journalistes et ce, tant dans le secteur privé que public. En réaction à plusieurs expulsions de journalistes lors de conseils municipaux pourtant publics, la FPJQ suggère par ailleurs que la Loi sur les cités et villes soit modifiée pour y inclure une disposition: «Le conseil doit permettre l'enregistrement et la diffusion de ses débats dans leur totalité par les médias.»

Les audiences publiques de la CEIC reprennent le 2 septembre avec le témoignage de l'homme d'affaires Tony Accurso.