L'ancienne ministre libérale des Transports du Québec, Julie Boulet, a martelé devant la commission Charbonneau aujourd'hui qu'elle ne s'est jamais occupée de financement politique, au point où elle ne connaissait ni le coût de ses campagnes électorales, ni combien elle amassait en dons chaque année, ni son objectif de financement de 100 000 $.

«Je n'ai jamais, jamais, fait de financement politique, je n'ai jamais vendu un billet pour un cocktail ou une carte de membre », a déclaré la députée libérale de Laviolette.

C'est Amima Chaffaï qui s'occupait des activités de financement de Mme Boulet, soit de deux cocktails par année, d'un dîner annuel de hot-dog et de trois soupers durant son mandat de trois ans.

Boulet a reconnu que des responsables d'entreprise de pavage et des hommes d'affaires étaient présents à ses collectes de fonds, mais a eu du mal à les identifier. « Je n'ai jamais regardé la liste des gens qui allaient aux cocktails et combien ils donnaient.»

Julie Boulet dit qu'elle a appris que le PLQ demandait à ses ministres d'amasser 100 000 $ en dons seulement lorsque son collègue Norman McMillan l'a déclaré publiquement. Elle dit qu'Amina Chaffaï aurait possiblement pu être informée de cette cible.

La juge France Charbonneau a aussi souligné que comme « par hasard » Boulet avait atteint la cible de 100 000 $ les trois années où elle a été ministre des Transports.

«Vous dites que vous êtes une femme rigoureuse, mais vous ne saviez pas combien vous ramassiez et combien coûtaient vos élections», a lancé la juge.

La ministre Boulet a toutefois fini par admettre qu'elle connaissait la cible de financement des députés. Puis, qu'il lui était arrivé de transférer ses excédents à des comtés orphelins, ce qui expliquerait le fait qu'elle ait amassé exactement 100 000 $ chaque année.

Boulet défend sa présence à une rencontre avec Marc Bibeau

La commission Charbonneau a aussi questionné Boulet sur une rencontre qu'elle avait eue avec l'ex grand argentier du PLQ, Marc Bibeau. Ce dernier était aussi à la tête de l'entreprise Schockbeton. La rencontre a eu lieu à la demande de Violette Trépanier, également responsable du finalement au PLQ. Boulet dit y avoir assisté par «politesse».

« D'après ce que je me souviens, c'était pour un projet qu'il n'avait de toute évidence pas eu, mais je ne me rappelle pas de quel projet et je sais que ça été très bref et qu'il n'y a aucune information privilégiée qui est sortie de ça », s'est-elle défendue.

Boulet réfute les allégations de Marchand

La commission a aussi interrogé Julie Boulet sur la nature de son intervention dans l'octroi de contrats tarifés à la fin de la saison de pavage. Ce type de contrat est accordé sans appel d'offre à un prix fixé par le MTQ à des usines d'asphalte. Ils sont généralement accordés dans des contextes où il y a peu de concurrence. Le cabinet du ministre a toutefois une marge de manoeuvre pour choisir à qui il accorde de tels contrats.

Le nom de Julie Boulet a rebondi lundi, lors du témoignage du PDG de l'entreprise de pavage Maskimo. Ce dernier a témoigné qu'en 2004, une attachée politique de Julie Boulet lui a téléphoné pour lui demander d'acheter quatre billets à 1000$ pour assister à un cocktail du PLQ à Shawinigan.

Louis Marchand refuse d'y assister, se trouvant défavorisé par rapport à ses concurrents dans l'octroi de contrats tarifés. Le jour même, Boulet appelle directement Marchand pour lui dire qu'elle n'y est pour rien et qu'elle est « très, très, très déçue » qu'il n'assiste pas à son cocktail.

À partir du moment où il a demandé à ses employés de ne plus contribuer aux partis politiques, Marchand pense qu'il y a eu une ingérence politique pour mettre un frein à ses projets qui se sont retrouvés sous la pile. Selon un tableau présenté à la commission, Maskimo n'a en effet plus raflé de contrats tarifés après 2008, contrairement à ses concurrents.

« Jamais, jamais, jamais je n'ai donné une directive à qui que ce soit de ne pas leur donner un contrat ou de les tasser d'une quelconque façon », s'est défendue aujourd'hui Mme Boulet.

Julie Boulet a été ministre des Transports du 18 avril 2007 au 10 août 2010 et ministre déléguée aux Transports du 10 septembre 2003 au 18 avril 2007. Élue lors du dernier scrutin provincial, elle n'a pas été retenue pour faire partie du conseil des ministres.

Devant la commission Charbonneau, plus tôt cette semaine, le directeur de cabinet de Julie Boulet d'août 2004 à janvier 2006, Luc Berthold, a décrit son ancienne patronne comme étant très impliquée dans la gestion de son ministère, perfectionniste et très « hands-on ».

«Le comté de Mme Boulet était-il le comté le mieux asphalté du Québec», a demandé Renaud Lachance à Luc Berthold lors de son témoignage, en référence à l'octroi des contrats tarifés. «Allez vous promener et vous allez voir que vous avez raison, M. le commissaire», a-t-il répondu.