Bernard Rambo Gauthier qui estime avoir été dépeint comme un «tueur en série» devant la commission Charbonneau a hâte d'y livrer sa version des faits cette semaine.

«Ça fait quatre ans que j'attends ça», a-t-il déclaré lors d'un bref entretien téléphonique avec La Presse. «On va aller s'expliquer et s'il y en a qui sont pas capables de comprendre, ils se tourneront la tête.»

Le chef syndical devait prendre l'avion pour Montréal dimanche soir. Il a confirmé nos informations selon lesquelles son passage était prévu à l'horaire mardi et mercredi.

«J'ai collaboré avec la Commission depuis un an et demi», a-t-il précisé.

L'enquêteur de la CCQ Jean-François Sabourin terminera son contre-interrogatoire aujourd'hui. Gauthier pense qu'un entrepreneur le précédera à la barre. «Il va surement devoir sortir sa boîte de Kleenex lui aussi hein?» a-t-il laissé tomber au bout du fil.

Gauthier faisait référence au témoignage de l'entrepreneur Normand Pedneault. La semaine dernière, ce dernier a éclaté en sanglots en racontant un épisode douloureux où ses frères se sont fait passer à tabac sur un chantier de la Côte-Nord par des fiers-à-bras qu'il croit liés au «gang à Rambo» et de son collègue Michel Bezeau.

Bernard Gauthier est le représentant syndical du local 791 des opérateurs de machinerie lourde de la Côte-Nord, affilié à la FTQ-Construction.

Au cours des dernières semaines, plusieurs témoins de la commission Charbonneau ont fait état d'un climat de peur qui régnait sur les chantiers de la Côte-Nord.

La table est donc mise pour le passage de Rambo.

Ce qu'ils ont dit sur Rambo...

Michel Comeau, enquêteur de la CEIC

Rambo est vu comme un «Dieu» sur la Côte-Nord, a affirmé l'enquêteur Michel Comeau. Il y a deux semaines, ce dernier est venu livrer les résultats de son enquête portant sur l'intimidation sur les chantiers de construction du Québec au nom de témoins qui craignaient des représailles. Le policier a notamment témoigné qu'un entrepreneur de la firme Fernand Gilbert, qui travaillait sur le chantier de la Romaine, s'était fait suivre par un véhicule qui tentait de le faire sortir de la route. «Lorsque l'entrepreneur a voulu dire qu'il était menacé par Rambo et sa gang à la SQ, même les patrouilleurs de la SQ le craignaient», a-t-il relaté. 

Rock Savard, PDG de l'entreprise Construction J&R

L'entrepreneur Rock Savard a raconté la semaine dernière que le «gang» à Rambo Gauthier avait imposé ses travailleurs sur le chantier de construction de la route 138, à Colombier, sur la Côte-Nord. Il a raconté un épisode de brasse-camarade survenu en octobre 2005 qui visait à lui faire comprendre que ses ouvriers venus du Saguenay-Lac-Saint-Jean n'étaient pas les bienvenus dans la région. Entre 50 et 100 travailleurs de la Côte-Nord se sont présentés sur le chantier pour l'intimider.

Me Jean-François Sabourin, enquêteur de la Commission de la construction du Québec

Lors de son témoignage, censé se terminer ce matin, Jean-François Sabourin a parlé de la «clause Rambo», un terme utilisé par les entrepreneurs pour décrire les exigences du chef syndical qui ne se trouvaient pas dans les conventions collectives, mais qu'ils n'avaient pas vraiment le choix de respecter. «Plusieurs employeurs ont mangé leurs bas et décidé qu'ils n'iraient plus sur la Côte-Nord», a témoigné Sabourin.