L'entrepreneur Tony Accurso n'a pas seulement payé une poignée de séjours sur son yacht à Jean Lavallée, l'ancien président de la FTQ-Construction. Il lui a aussi offert de nombreuses de vacances au soleil et même trois cures « d'amaigrissement » en Allemagne.

C'est un véritable album de voyage qui a été montré aujourd'hui à la commission Charbonneau, où Lavallée poursuit son témoignage. Le procureur Cainnech Lussiaà-Berdou a indiqué que la commission avait environ 110 photos en sa possession.

Certains portraits ont été croqués aux Bahamas, d'autres aux Barbardes, à Hawaï ou à Walt Disney.

Robert Abdallah, cadre chez Hydro-Québec jusqu'en 2003 puis DG de la Ville de Montréal apparaît sur plusieurs clichés. L'ancien directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, et son prédécesseur Yves Paré aussi. Les dirigeants syndicaux Louis Bolduc, Eddy Brandone et Rénald Grondin ont participé à certains voyages. Tout comme le maire déchu de Mascouche, Richard Marcotte et l'entrepreneur Normand Trudel.

Tony Accurso, décrit comme un «frère» par Lavallée, défrayait presque tout le temps la note.

Jean Lavallée avait beaucoup de mal à identifier les dates et lieux des voyages. Selon son évaluation, Tony Accurso lui a payé une vingtaine de voyages au cours des 15 dernières années, dont 5 ou 6 sur le fameux Touch. Il payait aussi pour son épouse et parfois pour ses neveux et nièces.

Or, un croisement des dates auxquelles Lavallée et Accurso ont passé les douanes fait par la commission suggère qu'ils ont plutôt fait 27 voyages ensemble entre 2001 et 2010.

Accurso a-t-il eu un retour d'ascenseur? «Pas besoin d'échanger des faveurs, c'est un ami», a répondu Lavallée, visiblement irrité. «Quand on connaît Tony Accurso, on sait que c'est un homme au coeur large.»

Conscient du prix des voyages, Lavallée a déjà remercié Accurso en lui offrant des bouteilles de cognac à 2000$.

Jean Lavallé n'est jamais retourné sur le bateau après la crise médiatique qui a secoué la FTQ-Construction. «Je ne suis pas retourné pour ne pas être critiqué», a-t-il déclaré admettant, du même souffle qu'il n'a jamais été réinvité par son ami.

Questionné sur la nature de ses voyages d'amaigrissement en Allemagne, Lavallée a répondu: «Tu bois de l'eau, de l'eau et rien que de l'eau... J'ai perdu 25 livres!»

Lavallée se contredit dans l'affaire des «danseuses à gogo»

Avant de montrer le diaporama des photos de voyage, la commission est revenue sur l'affaire Dix-35, un bar d'effeuilleuses à Carignan appartenant à un proche des Hells Angels.

Dans ce dossier, la SOLIM (le bras immobilier de la FTQ-Construction) avait autorisé un prêt hypothécaire de 1,1 million pour l'achat des terrains autour d'un bar d'effeuilleuses. Dans les faits, cet argent aiderait Beaulieu à acheter le local du bar de «danseuses à gogo» qu'il louait déjà. Cette transaction a finalement échoué, mais l'affaire a suscité la controverse lorsqu'elle a été médiatisée.

Contrairement à ce que l'écoute électronique tend à indiquer, Lavallée a soutenu avec insistance qu'il n'a pas «poussé» ce dossier à la SOLIM afin qu'il obtienne du financement.