La juge France Charbonneau a profité aujourd'hui de la suspension pour la période des fêtes des audiences publiques pour défendre la multiplication cet automne des témoignages sous ordonnance de non-publication.

Douze des trente témoignages entendus depuis septembre ont été frappés d'un interdit de publication. Soulignant que la majorité des ordonnances imposées ont depuis été levées, à tout le moins en partie, la juge Charbonneau a rappelé que la Commission a «l'obligation de protéger les enquêtes et procès en cours».

«La raison est fort simple : plusieurs des personnes entendues subissent ou vont subir dans un avenir très rapproché leur procès. Nous n'avions pas le choix», a-t-elle justifié. Le dernier témoin entendu, l'homme d'affaires Louis-Pierre Lafortune, est notamment accusé de gangstérisme.

Rappelant que le public peut assister en personne aux témoignages même s'ils sont frappés d'une ordonnance de non-publication, la juge a assuré que tous les témoignages entendus cet automne seront éventuellement libérés. «Soyez assurés que tous les témoignages seront relâchés dans leur intégralité sur notre site dès que ce sera légalement possible de le faire». Elle a ajouté que «tout ce qui peut être diffusé publiquement l'est».

La juge a confirmé que les audiences reprendront le 13 janvier. La commission continuera à s'intéresser pendant quelques semaines encore à l'infiltration du crime organisé dans l'industrie de la construction. Les autres sujets d'enquête seront «révélés en temps et lieu».

Même si les audiences sont officiellement en pause pour quatre semaines, la Commission continue à travailler «dans l'ombre», a rappelé la juge. Rappelons que l'an dernier, les audiences publiques avaient fait relâche pendant sept semaines. À l'époque, la Commission devait faire progresser plusieurs de ses enquêtes avant d'entendre de nouveaux témoins.

La Commission doit déposer un rapport d'étape d'ici le 31 janvier.

Faits saillants automnaux

Beaucoup d'écoute électronique a été entendue lors des témoignages de cet automne. La Commission a diffusé plusieurs enregistrements tirés des milliers d'heures de conversations interceptées par les policiers de la Sûreté du Québec lors de l'opération Diligence

Les audiences ont débuté en démontrant au début de l'automne que la collusion ne se limitait pas à la région de Montréal. Des témoins ont affirmé qu'un partage des contrats existait à Gatineau et Québec.

L'enquête publique s'est ensuite intéressée à l'infiltration du crime organisé dans l'économie légale, démontrant que des proches des motards s'étaient impliqués dans des entreprises de construction. L'attention s'est ensuite vite tournée vers la FTQ.

Le syndicaliste Ken Perreira a décrit en détail comment la FTQ a tenté de camoufler le scandale sur les fastueuses allocations de dépenses de son ancien patron, Jocelyn Dupuis. Celui-ci est ensuite venu expliquer sa proximité avec de nombreux proches du crime organisé, disant être en faveur de la réhabilitation des gens au passé criminel.

La Commission s'est aussi intéressée à Jean Lavallée, ex-président de la FTQ-Construction qui aurait exercé une forte influence sur le bras immobilier du Fonds de solidarité FTQ. Un promoteur est venu relater s'être fait retirer son financement quand il a refusé de payer un pot-de-vin de 250 000$ destiné à Lavallée.