Même si leur réputation a «possiblement» été atteinte, l'ex-ministre des Transports sous le règne du PQ, Guy Chevrette, et un de ses amis, Gilles Beaulieu, ne devraient pas obtenir le droit de contre-interroger à la commission Charbonneau le témoin qui les a impliqués dans une histoire de pot-de-vin.

C'est ce que Me Denis Gallant, procureur en chef adjoint à la Commission, a fait valoir, hier, en Cour supérieure, alors qu'on débattait des requêtes de MM. Chevrette et Beaulieu. Ces derniers veulent obtenir le droit de contre-interroger Gilles Cloutier, ancien organisateur électoral et ex-vice-président au développement des affaires de la firme de génie-conseil Roche. Cette demande leur a été refusée par la Commission en mai dernier. C'est la première fois que des personnes mentionnées à la commission Charbonneau se tournent vers les tribunaux dans l'espoir de faire renverser une décision.

Me Gallant a soutenu que la Cour supérieure ne doit pas s'immiscer dans la commission Charbonneau, à moins de circonstances exceptionnelles. Dans le présent cas, il n'y a pas de circonstances exceptionnelles, selon lui. D'autant plus que le procureur du Parti québécois a déjà contre-interrogé M. Cloutier, a rappelé le procureur.

Me Gallant a fait valoir que pour mener à bien ses travaux, la Commission doit avoir les coudées franches pour décider des témoins qui seront entendus. MM. Chevrette et Beaulieu auront la possibilité de se défendre plus tard, le cas échéant. Car on ne peut présumer de la crédibilité que les commissaires accorderont au témoin en question. Par ailleurs, M. Chevrette doit être entendu comme témoin à la Commission, a rappelé M. Gallant.

Roche et «magouille»

Alors qu'il témoignait devant la Commission, en mai dernier, M. Cloutier a dit que M. Chevrette avait fait de la «magouille» dans le dossier de la construction d'une route de 31 km entre Saint-Donat et Lac-Supérieur. Entre autres, M. Cloutier a dit avoir remis 25 000$ à Gilles Beaulieu, évaluateur agréé et grand ami de M. Chevrette. Ce dernier et M. Beaulieu nient tout et estiment que leur réputation est entachée.

Leurs avocats, Denis Lozeau [pour M. Beaulieu] et Éric Vallières [pour M. Chevrette] estiment qu'il s'agit d'un déni de justice flagrant qu'il faut vite réparer. Le contre-interrogatoire de M. Cloutier ne retarderait pas les travaux de la Commission, car il ne durerait qu'une quarantaine de minutes, selon leur évaluation. M. Cloutier apparaît comme «un mythomane», a fait valoir Me Vallières.

Au terme de la séance, lundi, la juge Claudine Roy a pris l'affaire en délibéré.