L'ex-ministre Guy Chevrette n'est pas le seul à demander que la commission Charbonneau accuse de parjure son témoin Gilles Cloutier. La famille d'un maire montré du doigt par l'ex-organisateur politique l'accuse de «salissage éhonté».

Huguette Longtin dit avoir été bouleversée d'entendre le nom de son défunt mari prononcé devant la commission Charbonneau. Lors de son témoignage, Gilles Cloutier a affirmé avoir manoeuvré avec le maire de Saint-Stanislas-de-Kostka, Maurice Vaudrin, afin de décrocher un important contrat pour son employeur, la firme de génie Roche.

«Le jour même, j'ai pleuré. Mais pas le lendemain. Je connais l'intégrité de mon mari et je sais que je peux marcher la tête haute», dit la dame de 79 ans.

Huguette Longtin dit avoir trouvé plusieurs invraisemblances dans le témoignage de l'ex-organisateur politique qui s'est vanté d'avoir orchestré plus d'une soixantaine d'élections clés en main. Gilles Cloutier a décrit en détail comment il dit avoir convaincu Maurice Vaudrin, en l'invitant à une soirée aux Expos, puis à assister à une partie du Canadien au Centre Bell.

Rencontre avec Jean Béliveau

Dans une scène particulièrement touchante, Cloutier avait relaté comment il avait demandé au hockeyeur Jean Béliveau de remettre un chandail autographié au petit-fils du maire qui les accompagnait, décrivant comment le geste avait arraché des larmes à M. Vaudrin.

Mais voilà, Mme Longtin est catégorique: son mari n'a jamais assisté à une partie des Expos, n'a jamais mis les pieds au Centre Bell et n'a jamais rencontré Jean Béliveau. «C'est impossible. Mon mari n'a jamais été là. S'il y avait été, je l'aurais su. On était tellement unis qu'on savait tout le temps où on allait l'un et l'autre», dit-elle.

Pour s'en assurer, elle a appelé ses deux seuls petits-fils pour leur demander s'ils ont accompagné leur grand-père à une partie du Canadien. Les deux ont farouchement nié.

«Ils sont fâchés.»

De plus, Huguette Longtin affirme que Gilles Cloutier se trompe quand il dit avoir appris à son défunt mari à truquer une grille d'évaluation pour favoriser l'octroi d'un contrat à Roche. Elle brandit une résolution du conseil municipal démontrant que Maurice Vaudrin n'a pas siégé au comité technique en question.

«Je n'ai pas d'ordres à donner à la Commission, mais je souhaiterais que Gilles Cloutier soit accusé de parjure pour tous les mensonges qu'il a dits», plaide Mme Longtin.

Maurice Vaudrin est mort le 13 octobre 2009, en pleine campagne électorale à la mairie de Saint-Stanislas-de-Kostka. «Il mangeait de la politique, c'était un assoiffé de justice.»