Le directeur général adjoint de la Ville de Laval, Jean Roberge, affirme avoir participé à la collusion des entreprises pour les contrats octroyés par la Ville de Laval.

Sous serment, devant la commission Charbonneau, Jean Roberge a reconnu l'existence du partage des contrats publics. «J'y ai moi-même participé», a-t-il dit.

C'est vers 2002 que M. Roberge se frotte pour la première fois à l'univers lavallois de la collusion. Il travaille alors au sein de la firme de génie Laplante et associés qui changera de nom par la suite pour Équation Groupe-conseil.

Jean Roberge a raconté qu'il avait alors rencontré Jean-Marc Melançon, un fonctionnaire responsable des approvisionnements pour la Ville. M. Melançon avait été, dans les années précédentes, chef de cabinet du maire Gilles Vaillancourt.

À la fin de la rencontre, Jean-Marc Melançon aurait ouvert la porte du financement politique à M. Roberge pour permettre à son entreprise de mettre la main sur les mandats municipaux. «Si t'es bon avec le politique, le politique va être bonne avec toi», a affirmé à la Commission M. Roberge en se remémorant les paroles de son interlocuteur. Ce dernier l'aurait d'ailleurs invité à rencontrer le maire Gilles Vaillancourt. Une visite de courtoisie entre MM. Roberge et Vaillancourt sans qu'il soit question de contrats ou de financement politique.

Ce n'est qu'au printemps 2008 que M. Roberge fera sont entrée à la Ville de Laval à titre d'adjoint au directeur de l'ingénierie. Ce service était alors dirigé par Claude Deguise, qui a été arrêté la semaine dernière dans le cadre de la frappe policière à Laval. M. Deguise est accusé notamment de gangstérisme avec Gilles Vaillancourt et l'ex-directeur général Claude Asselin.

M. Roberge a expliqué que lors de son entrée en fonction, le service d'ingénierie était dans une «période noire». Il l'a même associé à «un régime de terreur» dans lequel il n'y avait de la place que pour un seul homme, soit Claude Deguise.

M. Roberge est le premier témoin à décrire le système lavallois. Son témoignage a été devancé à la suite d'un changement de cap majeur de la Commission. Cela devait être le directeur général Gaétan Turbide qui devait être amené à la barre des témoins.

Mais avant que ne débutent les audiences du matin, des informations ont été transmises à la Commission d'«une source officielle» (escouade Marteau ou Directeur des poursuites criminelles et pénales) et qui ont entaché sérieusement la crédibilité de Gaétan Turbide, a annoncé la procureure en chef de la Commission, Sonia LeBel. Du coup, la Commission a renoncé, pour l'instant, au témoignage de M. Turbide.

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