Deux firmes de génie éclaboussées devant la commission Charbonneau ont travaillé aux systèmes de communication opérationnels du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et de la Sûreté du Québec (SQ).

La Presse a constaté que cette situation crée un malaise au sein des deux corps de police, qui enquêtent sur la corruption et la collusion.

En 2009, le groupe SM International a obtenu un contrat pour «faire une analyse comparative entre les besoins de radiocommunications de la Sûreté du Québec et la situation dans six autres corps de police».

Dans le résumé succinct que la SQ a fourni à La Presse au lieu des contrats en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, il est indiqué que ce «contrat est rattaché au projet visant l'installation de terminaux informatiques dans les véhicules» de police.

Cette analyse s'est déroulée du 16 juillet au 16 octobre 2009. Le contrat, d'une valeur de 23 500$, a été accordé de gré à gré.

Quant à la firme Dessau, elle se vante sur son site internet d'être intervenue «à plusieurs reprises dans la modernisation des systèmes de communication du SPVM». Dessau se félicite même d'avoir «su apporter son expertise à la conception de systèmes critiques aux opérations policières».

Soulignons que Dessau a aussi obtenu de la GRC un contrat de 15 322$ en 2007 pour du «matériel de communication».

Promotion qui agace

La police de Montréal minimise ses relations avec la firme Dessau en expliquant que, selon ses recherches, le dernier contrat de 100 000$ remonte à 2006, pour l'implantation de caméras de vidéosurveillance.

Mais à l'interne, on fait comprendre que la situation a peu de chances de se reproduire en raison du parfum de scandale qui entoure l'entreprise et des révélations de son ex-numéro 2, Rosaire Sauriol, à la commission Charbonneau.

La promotion que fait Dessau sur son site internet de ses liens avec le SPVM agacerait aussi. «Nous n'avons pas entendu parler de ça», a déclaré Jessie-Kim Malo, porte-parole de Dessau.

La firme de génie-conseil, que la Ville de Montréal vient d'exclure de ses appels d'offres pour cinq ans, est aussi visée par plusieurs enquêtes de l'UPAC. Ses bureaux ont été l'objet de perquisitions dans le cadre d'enquêtes sur Laval, sur le Faubourg Contrecoeur et sur les compteurs d'eau à Montréal.

À la SQ, on précise simplement que SM n'a plus obtenu de contrat depuis celui cité plus haut. «Toute compagnie qui souhaite obtenir un contrat avec la SQ doit désormais non seulement se soumettre aux exigences de la nouvelle Loi 1, mais aussi à notre habilitation sécuritaire», explique le lieutenant Guy Lapointe.

La portée de cette vérification  et les critères retenus sont soigneusement gardés secrets.

Le nom de la firme SM a été cité à plusieurs reprises devant la commission Charbonneau. Un de ses ex-dirigeants, Robert Marcil, a témoigné pendant plusieurs jours sur son passé de directeur des travaux à la Ville de Montréal et les allégations de corruption et de collusion. Il a démissionné de SM peu après.

Principe de précaution

Ces deux exemples rappellent le cas de la firme Sécur-Action, qui était chargée d'assurer la sécurité des quartiers généraux du SPVM et de la SQ. Les deux corps de police avaient annulé leur contrat après une enquête interne sur cette firme et ses dirigeants. Le SPVM et la SQ avaient jugé préférable, en vertu du principe de précaution, de rompre tout lien avec Sécur-Action, même si la firme n'avait jamais été accusée ou condamnée.

Sécur-Action avait été choisie par Yvan Delorme, l'ex-chef de police de Montréal, pour remplacer au pied levé BCIA, autre firme controversée.

Désormais, en vertu de la Loi 1 sur l'intégrité, toute firme qui veut obtenir un contrat public doit être agréée par l'AMF à la suite d'une enquête exhaustive menée par l'UPAC.

- Avec William Leclerc