Pour la première fois de son témoignage, Frank Zampino a profondément paru indigné d'allégations faites envers lui devant la commission Charbonneau. L'ex-président du comité exécutif de Montréal a farouchement nié avoir reçu en cadeau une cuisine de 250 000$ de l'entrepreneur Paolo Catania, comme l'a affirmé un témoin en octobre.

Lors de son témoignage, un ami proche de Paolo Catania, Elio Pagliarulo, a affirmé que l'entrepreneur avait effectué pour un quart de million en travaux dans la cuisine de l'ex-président du comité exécutif. «Je sais que c'est dur à croire, mais c'est ce que Paolo Catania m'a dit», a assuré le témoin. Il s'agissait d'un cadeau pour l'obtention du Faubourg Contrecoeur, dossier dont les détails sont frappés d'une ordonnance de non-publication. «Je suis complètement outré, s'est fâché Frank Zampino. Depuis que j'ai acheté ma maison en 2003, je n'ai pas changé une poignée de porte, une tablette. C'est la même cuisine que j'ai achetée en 2003. Jamais Paolo Catania n'a payé une cenne pour ma cuisine. C'est complètement faux.» Frank Zampino a même jugé d'«odieux»que la Commission ait laissé un témoin, présenté comme un prêteur usuraire, faire de telles affirmations sans corroboration.

Photo présentée à la CEIC

Tony Accurso et Frank Zampino en voyage.

Zampino comme maire ? Par ailleurs, la Commission a entendu ce matin qu'un groupe d'amis influents a approché Frank Zampino en janvier 2007 pour tester son intérêt pour succéder à Gérald Tremblay à la tête d'Union Montréal afin de briguer la mairie de la métropole en 2009, a révélé l'ex-président du comité exécutif. L'homme dit avoir refusé, disant qu'il réfléchissait déjà à l'époque à quitter la vie publique.

Le 16 janvier 2007, un groupe invite Frank Zampino au restaurant Muscadin. Sont présents l'ingénieur Rosaire Sauriol, Martial Fillion, Jean Battah et Bernard Trépanier. Ceux-ci prévoyaient la possibilité que Gérald Tremblay ne se présente pas pour briguer un 3e mandat à la mairie de Montréal. Ce groupe de réflexion aurait demandé à Frank Zampino son intérêt pour devenir maire de Montréal. Rosaire Sauriol trouvait que son ami avait un bon leadership et il ne voyait pas d'autre successeur à Gérald Tremblay, a expliqué le témoin. «Il pensait que j'aurais pu être bon candidat.» La Commission s'est étonnée de voir Rosaire Sauriol présent à cette rencontre portant sur l'avenir de Montréal. Zampino a précisé qu'il était présent à titre d'ami et non de représentant de firme de génie. Martial Fillion, mort cet hiver en attente de son procès dans le scandale du Faubourg Contrecoeur, était présent parce que «c'est un grand penseur, un visionnaire, il connaît bien la politique». Disant ne jamais avoir pensé à la possibilité de succéder à Gérald Tremblay alors qu'il était toujours en poste, Frank Zampino dit les avoir plutôt avisés que l'élection de 2005 était probablement sa dernière campagne électorale. Il affirme toutefois ne pas leur avoir clairement dit qu'il comptait démissionner en cours de mandat. Frank Zampino dit avoir pris la décision finale «en famille» durant les fêtes de 2007, donc tout juste avant son 2e voyage sur le Touch. Rosaire Sauriol aurait tenté de le convaincre de ne pas démissionner, a indiqué le témoin, lui qui le voyait toujours à la mairie. Zampino dit d'ailleurs avoir voulu démissionner plus d'un an avant les élections, estimant que l'approche de l'échéance électorale de novembre 2009 aurait rendu sa décision de plus en plus difficile. Zampino a précisé ne pas avoir averti immédiatement son ami Bernard Trépanier, de crainte que l'homme connu pour téléphone de façon compulsive n'ébruite la nouvelle. Celui-ci a d'ailleurs été «dévasté» quand il a appris la nouvelle. «C'est sûr qu'il aurait préféré que je réfléchisse.» Fait à souligner, tout au long de sa réflexion sur son avenir, Zampino n'a jamais cru bon en parler avec Gérald Tremblay. Frank Zampino a annoncé sa démission le 20 mai 2008. L'ancien élu dit avoir reçu des offres d'emplois deux jours plus tard. Lors d'un cocktail de financement au Rizz, le président de la firme de génie Cima + l'approche pour lui offrir un poste. Bien vite, Paolo Catania de Construction F. Catania lui offre un emploi aussi, mais il acceptera plutôt l'offre de son ami Rosaire Sauriol de se joindre à Dessau. Le témoin s'est dit offensé de la remarque du commissaire Lachance selon qui ces offres étaient des retours d'ascenseur pour sa collaboration au système de collusion. Selon lui, ces entrepreneurs ne lui auraient pas offert un emploi s'ils avaient su qu'il était corrompu.

Photo présentée à la CEIC

Frank Zampino et Robert Abdallah en voyage.