Le vice-président principal de la société de génie-conseil Dessau, Rosaire Sauriol, a confessé à son tour, hier, des dons illégaux de près de 1 million de dollars versés par des employés de la firme au Parti libéral du Québec (PLQ) et au Parti québécois (PQ), entre 1998 et 2012.

Depuis une semaine, M. Sauriol est le quatrième dirigeant d'une grande firme de génie-conseil, après ceux de Genivar, SNC-Lavalin et BPR, à reconnaître devant la commission Charbonneau avoir fait signer des chèques en série à de nombreux cadres de son entreprise pour répondre aux commandes des deux plus importants partis politiques au Québec. Les contributions combinées de ces firmes de génie-conseil dépassent, à ce jour, les 3 millions.

Montréal et la banlieue

M. Sauriol a aussi reconnu que la firme Dessau a financé la prise du pouvoir ou la réélection de nombreux maires de municipalités de banlieue, dont Marc Gascon, à Saint-Jérôme, Denis Lavoie, à Chambly, et Sergio Pavone, à Châteauguay. Claude Gladu et Jacques Olivier, qui se sont succédé à la mairie de Longueuil, ont aussi bénéficié du soutien de Dessau.

La firme s'est aussi impliquée financièrement dans des arrondissements de Montréal, dont ceux de Lachine, Outremont, Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles et, bien sûr, Saint-Léonard, l'imprenable fief de Frank Zampino.

À Montréal, Dessau a commencé à financer le parti de l'ex-maire Gérald Tremblay, l'Union des citoyens de l'île de Montréal (UCIM) - devenu plus tard Union Montréal -, dès sa première présence aux élections, en 2001. M. Sauriol a affirmé hier qu'il connaissait déjà depuis longtemps celui qui allait devenir président du comité exécutif de l'administration Tremblay, Frank Zampino, maire de Saint-Léonard, ainsi que celui qui l'a suivi partout comme une ombre, Bernard Trépanier, ex-responsable du financement d'Union Montréal.

Par la suite, Dessau a régulièrement fait des contributions allant jusqu'à 50 000$, toujours en argent comptant, grâce à de fausses factures, afin de financer les activités du parti qui a régné sur l'hôtel de ville de Montréal entre 2001 et 2012.

M. Sauriol a tenté de justifier ces pratiques en affirmant qu'avant 2002, les contrats de services professionnels étaient attribués par les élus; pour se couvrir, «tous les professionnels, les avocats, les ingénieurs, les comptables étaient sollicités pour participer au financement politique de leurs clients». Après la création des comités de sélection, issus de la loi 106, en 2002, qui devait démocratiser l'attribution des contrats professionnels, les municipalités ont simplement trouvé d'autres moyens de contourner les règles, en imposant des critères de sélection qui éliminaient d'emblée les firmes professionnelles qu'elles ne voulaient pas voir chez elles.

Ç'a notamment été le cas à Blainville, dans la banlieue nord, où le candidat à la mairie soutenu par Dessau en 2005 a perdu ses élections. «On s'est fait sortir de la Ville», dit-il.

Dans les municipalités, le véhicule principal de ce financement illégal était l'argent comptant. Le financement des partis politiques provinciaux était plutôt assuré à l'aide de chèques, signés principalement par des cadres de l'entreprise. Ils étaient ensuite remboursés par Dessau au comptant ou par l'entremise de leur allocation de dépenses.