La firme Génius a empoché 50 000$ dans le projet d'usine d'épuration des eaux de Boisbriand même si elle n'a fait aucun travail, a révélé devant la commission Charbonneau le président de la firme de génie, Michel Lalonde.

La levée de l'interdit de publication d'une partie de son témoignage nous permet maintenant de révéler que l'ingénieur a contribué en 2005 à l'élection de la mairesse de Boisbriand, Sylvie St-Jean, dans le but de décrocher des contrats.

Bien vite, la municipalité a multiplié les signes qu'elle s'apprêtait à lancer la réfection de son usine d'épuration des eaux, important projet de 15 à 20 millions.

«Je ne pouvais pas soumissionner seul, c'était trop gros pour la capacité de notre firme», dit Michel Lalonde. Il a donc proposé à Gilles Cloutier, de Roche, de faire équipe. Cette grande firme de génie avait la capacité de réaliser le projet seule, mais M. Lalonde a expliqué que l'entreprise a accepté de faire équipe par «respect» pour le partage des territoires entre les firmes de génie. En contribuant à la caisse de la mairesse Sylvie St-Jean, Génius s'était en quelque sorte assuré une part des contrats de la municipalité, a expliqué le témoin.

Le lancement de l'appel d'offres a toutefois pris les firmes de court, si bien que Génius et Roche ont manqué de temps pour former un consortium. Après discussion, M. Lalonde a plutôt accepté de travailler en sous-traitance.

Boisbriand a toutefois précisé dans l'appel d'offres qu'elle n'acceptait pas de travail en sous-traitance dans ce projet. Génius a donc été écartée. Mécontent de se retrouver ainsi le bec à l'eau, M. Lalonde a demandé à Roche de l'indemniser. «Je n'ai pas pu être en consortium, je n'ai pas pu faire de sous-traitance, il fallait trouver une façon de compenser», s'indigne encore aujourd'hui M. Lalonde.

Michel Lalonde a précisé que la pratique est courante entre les firmes de génie. «C'est le genre de chose prévue dans nos consortiums. Disons qu'on s'entend pour faire un contrat à 50-50 mais qu'en cours de route on n'arrive pas à nos pourcentages, on est compensé en fonction des profits qu'on aurait eus. Quand on fait un travail, on ne peut pas le séparer en deux juste pour le principe de le séparer», a illustré l'ingénieur.

Génius et Roche se sont entendues sur une somme de 50 000$, soit 15% des honoraires qu'aurait touchés la firme si le consortium était allé de l'avant.

Malgré cette entente, M. Lalonde est toujours amer aujourd'hui. «C'est beau, une compensation, mais je ne faisais pas travailler mes gens.»