La commission Charbonneau a finalement confirmé que le prochain témoin entendu sera l'entrepreneur Nicolo Milioto, décrit par plusieurs comme le responsable de la collusion dans le milieu de la construction à Montréal.

L'entrepreneur Giuseppe Borsellino doit terminer lundi matin son témoignage devant la Commission, certains avocats ayant manifesté leur intention de le contre-interroger. Le tout devrait toutefois rapidement prendre fin lundi matin, à la reprise des audiences publiques.

Nicola Milioto entrera ensuite en scène, lui qui a fait apparition dans la salle d'audience la semaine dernière durant le témoignage de Borsellino. La Commission avait d'abord nié qu'il était le prochain témoin, mais a finalement confirmé cette information aujourd'hui.

L'homme d'affaires a été décrit tour à tour comme le responsable du partage des contrats entre les entrepreneurs en construction de Montréal et la courroie de transmission entre le cartel et la mafia. La Gendarmerie royale du Canada a filmé l'homme à son insu au club Consenza recevoir des liasses d'argent d'entrepreneurs en construction et les cacher dans ses chaussettes.

L'ex-organisateur politique d'Union Montréal, Martin Dumont, a relaté avoir été menacé de mort par M. Milioto après avoir questionné l'un de ses contrats. Un doute a toutefois été soulevé sur la crédibilité de certains passages de son témoignage.

L'entreprise de Milioto, Mivela, a longtemps été l'un des gros joueurs de la construction à Montréal, obtenant la part du lion dans les travaux de trottoirs. Il a d'ailleurs été surnommé «M. Trottoir» par plusieurs dans le milieu.

De 2006 à 2009, soit avant la création de l'escouade Marteau, Mivela a ainsi obtenu des contrats d'une valeur de 57,5 millions, selon les données du vérificateur général de Montréal.

Âgé de 63 ans, Nicolo Milioto est connu des policiers. En mai 2003, il s'en est pris à des cols bleus de la Ville, à Montréal-Nord. Il a frappé deux grévistes et causé des dommages à un camion de la Ville à coups de barre de fer. Coupable de cinq chefs d'accusation au criminel, il a obtenu une absolution inconditionnelle, mais a dû faire un don de 500$ à un organisme de charité. Il s'agissait d'une deuxième condamnation pour voies de fait: en 1993, il avait proféré des menaces de mort à l'endroit d'un citoyen.

La fille de Milioto, Caterina, a travaillé pour la Ville de 2006 à 2010 à la direction de la réalisation des travaux de construction. Elle avait été embauchée par Robert Marcil, ce gestionnaire qui a démissionné en 2009 après le déclenchement d'une enquête sur un voyage en Italie que lui a payé l'entrepreneur Joe Borsellino, de Construction Garnier. Aujourd'hui, Mme Milioto et M. Marcil travaillent comme cadres au Groupe SM, firme de génie-conseil.

Après Nicola Milioto, ce sera au tour de Guy Desrosiers, analyste-enquêteur de la Commission, d'être entendu.