Un ingénieur que Michel Lalonde a accusé d'avoir été impliqué dans le système de collusion entre des firmes montréalaises a été contraint de cesser de faire la leçon à ses collègues après plus d'une décennie, a appris La Presse.

François Perreault, vice-président de Génivar pour l'ouest du Québec, a démissionné de son poste au conseil de discipline de l'Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) après une discussion avec le président du même conseil. En entrevue téléphonique, le président de l'Ordre a confirmé que c'était sa seule option pour éviter l'expulsion, devant le sérieux des allégations à son sujet.

«Au conseil d'administration, on a reçu aujourd'hui sa démission», a confirmé hier Daniel Lebel, président de l'OIQ.

Jeudi dernier, l'ingénieur Michel Lalonde a énuméré une longue liste de ses confrères qui, a-t-il dit, participaient à un système sophistiqué de corruption et de collusion pour les contrats municipaux. M. Perreault a alors été qualifié d'ambassadeur de Génivar dans ce système.

L'ingénieur a été nommé au conseil de discipline de l'Ordre en 2001. Sa nomination a toujours été renouvelée depuis, et l'a été pour la dernière fois le 15 décembre 2011.

Toutefois, il n'aurait entendu que des dossiers assez techniques et sans lien avec les actes qu'on lui reproche, a assuré Daniel Lebel.

«Il a siégé dans seulement 11 dossiers, a expliqué le grand patron de l'OIQ. On a fait la vérification immédiatement et il n'a jamais siégé dans un cas qui portait sur de la corruption, sur de la collusion ou de la fraude.»

Selon M. Lebel, il était inadmissible que François Perreault puisse continuer à siéger au conseil de discipline de l'Ordre pendant qu'il fait l'objet d'allégations très sérieuses.

«Ça n'aurait pas de sens de maintenir un membre au conseil de discipline dans ces conditions, a-t-il affirmé. On ne peut pas se permettre ça.»

M. Lebel a ajouté qu'il a fait une vérification et qu'aucun autre ingénieur nommé par Michel Lalonde ne fait partie des instances de l'ordre professionnel.

Chez Génivar, on qualifie de «louable» la décision de François Perreault dans les circonstances. «Ne serait-ce que professionnellement, c'est juste normal qu'il ait fait ce geste», a expliqué Isabelle Adjahi, la porte-parole qui a rappelé La Presse après qu'un message eut été laissé pour M. Perreault. «L'entreprise a été surprise par les allégations. Par contre, on les prend très au sérieux.»

À la fin de la semaine dernière, le syndic de l'OIQ avait ouvert une trentaine d'enquêtes sur des membres en lien avec la commission Charbonneau. «C'est absolument certain» que ce nombre a augmenté depuis, a dit Daniel Lebel.