La commission Charbonneau a demandé à rencontrer Michael Applebaum dans le cadre d'une enquête sur des transactions immobilières douteuses dans l'arrondissement qu'il dirigeait avant de prendre la mairie de Montréal.

Le maire intérimaire de Montréal a révélé ce matin que les enquêteurs de la commission Charbonneau avaient demandé mardi à le rencontrer. Cette rencontre a lieu cet après-midi à l'hôtel de ville de Montréal.

L'ancien bras droit de Gérald Tremblay, qui a quitté Union Montréal avec fracas pour prendre la mairie jusqu'au mois de novembre prochain, a indiqué qu'il ne dévoilera pas les sujets abordés à cette rencontre afin de ne pas nuire aux enquêtes en cours. «Tout ce que je peux dire, c'est que si je peux aider d'une quelconque façon à contrer la corruption et la collusion, je vais le faire.»

Mais ce ne serait pas pour ce qu'il sait sur l'attribution des contrats que les enquêteurs de la commission Charbonneau souhaitent le rencontrer. Selon Le Devoir, ils s'intéresseraient plutôt à des transactions immobilières réalisées avant qu'il n'accède à la mairie de Montréal, à la mi-novembre. À l'époque, il était maire de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce et président du comité exécutif, poste clé dans l'administration de Gérald Tremblay.

L'Unité permanente anticorruption (UPAC) aurait elle aussi été mise au courant des transactions immobilières en question, sans donner suite à ces informations.

Au cabinet du maire Applebaum, on se refuse à tout commentaire. L'attaché de presse Jonathan Abecassis s'est borné à dire que le maire pourrait faire une déclaration en fin de journée.

Cette nouvelle surgit le jour même où le maire Applebaum a annoncé la création d'une escouade affectée aux contrats municipaux au sein du SPVM. Il a assuré qu'«il n'y a personne d'intouchable» et que tous les élus, employés et fournisseurs de la Ville pourraient être l'objet d'une enquête.

L'opposition, qui a accordé sa confiance à Michael Applebaum pour occuper la mairie d'ici l'élection, s'est dite surprise de l'enquête qui serait en cours. «Les élus, comme les fonctionnaires, doivent montrer patte blanche et collaborer aux enquêtes. M. Applebaum a affirmé qu'il allait pleinement collaborer à l'enquête. On espère avoir plus d'informations d'ici la réouverture des travaux de la commission Charbonneau, le 21 janvier», a indiqué le conseiller Gaétan Primeau, de Vision Montréal.

M. Applebaum, qui a été maire de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce à partir de 2001, cumulait en outre le titre de président du Comité consultatif en urbanisme. Le fait qu'un courtier en immobilier se retrouve à la tête de ce comité, qui se penche notamment sur des changements de zonage, avait à l'époque fait l'objet de nombreuses critiques. M. Applebaum avait toujours soutenu que son statut ne lui avait pas permis de prendre connaissance d'informations confidentielles qu'il aurait pu utiliser à son profit.

Ce n'est qu'en 2009, après avoir été nommé par le maire Tremblay responsable des sports et loisirs au comité exécutif, que M. Applebaum a quitté la présidence du CCU. Il a également décidé cette année-là de ne pas renouveler sa licence de courtier immobilier.

Un prédécesseur de M. Applebaum à la présidence du comité exécutif, Frank Zampino, a pour sa part été arrêté au printemps dernier par l'UPAC et accusé de fraude dans le dossier des transactions immobilières du Faubourg Contrecoeur.