Les entrepreneurs qui contrôlaient l'attribution des contrats de la Ville de Montréal s'accordaient des marges de profit qui n'avaient «pas d'allure» et qui dépassaient régulièrement les 30% sur chaque contrat réalisé, selon Michel Leclerc, président de Terramex.

Devant la commission Charbonneau, mardi, M. Leclerc a fait état de deux contrats d'aménagement de places publiques qui ont été truqués par des entrepreneurs en 2008-2009. À elle seule, selon lui, la réalisation de ces deux contrats a coûté à la Ville de Montréal environ 1,2 million de dollars de plus que ce qu'il avait calculé, même en se ménageant une confortable marge de profit de 12 à 15%.

En 2008, M. Leclerc voulait réaliser le contrat d'aménagement de la place Norman-Bethune, au centre-ville de Montréal. Il avait préparé une soumission de 2,6 millions. Il a toutefois été contacté par l'entrepreneur Nicolo Milioto, de la firme Mivela Constructions, qui a affirmé que ce contrat lui était réservé.

À l'ouverture des soumissions, la proposition la plus basse était, comme prévu, celle de Mivela: 3,3 millions, soit 700 000$ de plus que le prix que M. Leclerc allait soumettre.

En 2009, M. Leclerc avait évalué à 4,6 millions les travaux liés à l'aménagement du square Dorchester, au centre-ville. Il a dû «se tasser» au profit d'une entreprise, Ramcor, qui a emporté le contrat pour 5,1 millions, soit 500 000$ de plus que le coût estimé par M. Leclerc.

Entre 1997 et 2012, Terramex a soumissionné un total de 74 contrats de la Ville de Montréal. Dans une majorité de cas, il s'agissait de soumissions de complaisance pour des contrats «arrangés», dont l'adjudicataire était connu d'avance. Selon une liste des contrats rendue publique hier par la Commission, presque 60% de ces contrats auraient été truqués.

Au cours de cette période, Terramex a tout de même obtenu sa part de contrats, qui ont contribué à faire grimper son chiffre d'affaires annuel de 2 ou 3 millions, à la fin des années 90, à 13 millions, en 2011.