Une carte de condoléances rose en apparence anodine. À l'intérieur, un message désarmant: «Cher ami, ne soumissionne plus à Montréal. Tu risques voir ta famille recevoir une carte identique à celle-là. DERNIER AVIS».

Un entrepreneur de Québec, Martin Carrier, a témoigné ce matin devant la commission Charbonneau des menaces qu'il a reçues à compter de 2004, et jusqu'à l'an dernier, pour qu'il se retire du marché montréalais de la construction. Selon lui, au moins un autre entrepreneur de la Capitale a été intimidé.

Les mésaventures de cet entrepreneur en céramique ont commencé à la fin de 2003, lorsqu'il s'est intéressé à un contrat à l'Université de Montréal. La compagnie de Martin Carrier, Lindo, a beau être située à Québec, elle obtenait de nombreux contrats dans la métropole.

> Sur Twitter: suivez notre journaliste Pierre-André Normandin

Image fournie par la commission Charbonneau

Lettre de menace reçue par Martin Carrier.

À un moment, il a reçu un appel d'un concurrent. Frank Bruno, de BT Céramique, lui demandait de se retirer parce que ce travail lui revenait. Mais Carrier a refusé de céder sa place.

Trois jours après qu'il eut obtenu le contrat, le 17 janvier 2004, son téléphone portable a sonné. Sa fille a répondu, et un homme au fort accent italien a demandé à parler à son père. L'enregistrement de cette conversation a été produit hier aux audiences de la Commission:

«Vous avez fait des travaux de céramique à Montréal récemment?

- Oui.

- On aimerait ça que tu ne viennes plus ici pour faire des travaux [...] parce que la prochaine fois, tu partiras pas d'ici.

- Qui parle?

- Tu as été averti. C'est fini, merci, bonjour.»

Ébranlé, Martin Carrier a porté plainte à la police de Lévis. Les policiers se sont vite rendu compte du sérieux de l'affaire puisque l'appel avait été fait à l'aide d'un cellulaire prépayé. L'entrepreneur a reçu un autre appel un mois plus tard dans lequel on lui a dit «T'as pas écouté, c'est fini.»

L'enquête a déterminé que l'auteur de ces appels était un certain Francesco Del Balso, proche du clan Rizzuto. Arrêté lors de l'opération Colisée, il est aujourd'hui détenu au pénitencier de Drummondville.

Le policier Éric Vecchio a interrogé Del Balso le 1er août dernier sur cet incident. Le mafioso lui a dit qu'il avait rendu service à Nick Rizzuto père, assassiné en novembre 2010.

Outre ces deux appels, Martin Carrier a reçu une carte de condoléances en février 2011. Il était alors poursuivi pour 3 millions de dollars par Frank Bruno, qui ne digérait pas avoir été nommé dans un reportage de l'émission Enquête sur ces menaces. Le propriétaire de BT Céramique a finalement laissé tomber sa poursuite en avril 2011.

Témoignage de François Thériault



Les témoignages se sont poursuivis jeudi après-midi, avec un autre surveillant de chantier. François Thériault a affirmé n'avoir reçu que peu d'avantages, soit encore moins de bouteilles de vin que son collègue Michel Paquette et quelques billets de hockey. Il a aussi joué au golf une fois avec l'entrepreneur Tony Conte, mais assure qu'il a payé son voyage de golf.

Pourtant, le 1er octobre, l'ex-dirigeant d'Infrabec Lino Zambito avait affirmé que François Thériault «chargeait 15 pour cent sur les faux extras» réclamés à la Ville par les ingénieurs au profit des entrepreneurs.

M. Thériault a soutenu avoir été «choqué» en entendant le témoignage de l'ingénieur Luc Leclerc, qui a admis avoir touché des centaines de milliers de dollars en faux extras. Ça a été «une surprise totale» pour lui, même si 70 pour cent de ses contrats étaient réalisés avec Luc Leclerc.

- Avec la PC

Plus de détails à venir