L'ex-entrepreneur Lino Zambito affirme s'être rendu dans les bureaux de Loto-Québec en avril 2009 pour remettre 30 000$ d'argent comptant au numéro 2 de la société d'État., Pierre Bibeau. Le témoin a indiqué devant la commission Charbonneau qu'il venait ainsi verser sa contribution au Parti libéral du Québec (PLQ) pour un déjeuner de financement de l'ex-ministre Line Beauchamp.

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Officiellement, la formation politique affirme avoir reçu 61 000$ lors de cet événement de financement tenu le 6 avril 2009. Chaque participant devait verser 1000$ pour y prendre part. Lino Zambito assure avoir versé beaucoup plus.

«Je n'ai pas versé 1000$, mais bien 30 000$», a assuré l'ex-entrepreneur lors de la reprise de son témoignage.

C'est à la demande de Pierre Bibeau, premier vice-président corporatif aux communications et aux affaires publiques de Loto-Québec, que Lino Zambito dit avoir contribué autant. Pierre Bibeau était également conjoint de Mme Beauchamp à l'époque. Ils ne sont plus ensemble aujourd'hui.

Pour le paiement, l'ex-entrepreneur affirme avoir été convoqué une dizaine de jours après le déjeuner dans les bureaux de Loto-Québec. Lino Zambito affirme avoir remis à Pierre Bibeau une enveloppe contenant 30 000$ en argent comptant, alors que ce dernier suivait les débats de l'Assemblée nationale à la télévision. La rencontre aurait duré une dizaine de minutes, le temps de remettre l'argent.

Lino Zambito a confirmé une information révélée par les médias: l'entrepreneur Domenico Arcuri, proche du clan Rizzuto, était présent à cette activité. L'homme est à la tête d'une entreprise de décontamination des sols, Carbo-Neutre.

Les responsables de l'environnement de la firme de génie Génivar ont organisé le déjeuner, a précisé Lino Zambito. Rappelons que la ministre Beauchamp était à l'époque responsable du ministère de l'Environnement.

Le PLQ demande le statut de participant

Signe que le témoignage de Lino Zambito contrarie le PLQ, la formation vient d'envoyer pour la première fois un avocat à la commission Charbonneau. Celui-ci a demandé le statut de participant à la Commission. Il devra toutefois attendre la fin du témoignage de l'ex-entrepreneur pour l'obtenir.

Un avocat du PLQ s'est présenté ce matin et a indiqué qu'il entendait participer aux audiences. La commissaire Charbonneau lui a indiqué que sa demande devrait attendre la fin de témoignage pour entendre sa requête. Elle s'est toutefois montrée rassurante sur les chances du parti d'obtenir. «Vous n'aurez pas à plaider fort pour l'obtenir (le statut)» a assuré Mme Charbonneau.

Le PLQ a été éclaboussé par le témoignage de Lino Zambito. Au début de son témoignage, l'ex-entrepreneur a indiqué avoir organisé une soirée de financement pour l'ex-ministre Nathalie Normandeau en janvier 2009. L'homme a dit avoir eu recours à des prête-noms pour amasser 110 000$.

Dons dans la mire

La commission Charbonneau a repris ses audiences ce matin en mettant l'accent sur le financement des partis politiques. On a ainsi présenté une compilation des dons effectués par Lino Zambito et ses proches, soit des membres de sa famille et des employés d'Infrabec, sa défunte compagnie de construction. Ceux-ci auraient versé de 2001 à 2009 plus de 88 000$.

La Commission a souligné que l'ex-entrepreneur, qui se décrivait comme un bon libéral, ne s'est pas limité à donner au PLQ, mais également au Parti québécois et à l'Action démocratique du Québec. «Ces montants n'ont pas été versés par conviction, mais bien par obligation. C'était des commandes», a-t-il précisé. Ces sollicitations provenaient de firmes de génie, a-t-il ajouté.

Il s'est inscrit en faux contre l'idée de baisser à 100$ la contribution maximale aux partis, disant qu'elle accentuera. «Si on baisse ça à 100$, il faut que le gouvernement contribue parce qu'on va juste créer plus d'argent au noir. Pourquoi être hypocrites et baisser à 100$? Augmentons les dons à 10 000$ et permettons aux entreprises de contribuer. Au moins, on va avoir sur papier qui donne à qui. On veut tellement avoir l'air pur et net que l'argent est donné au noir.»

Selon l'entrepreneur, le système de financement des partis est «corrompu et malade». «Je n'ai pas été un ange. J'ai truqué des appels d'offres, j'ai financé des partis, j'ai corrompu des fonctionnaires, mais le système était fait de telle façon que je n'avais pas le choix pour travailler», s'est défendu Lino. Zambito