Aucun membre du gouvernement Marois n'a dit accorder sa confiance à Gérald Tremblay, ce matin. C'est au maire de décider s'il a encore la légitimité de diriger Montréal, ont prudemment déclaré les ministres péquistes.

Leur malaise était palpable à la suite des révélations qui éclaboussent le maire Tremblay et son parti, Union Montréal, depuis le début des audiences de la commission Charbonneau.

«Le destin du maire Tremblay appartient au maire Tremblay», a laconiquement répondu le ministre responsable des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, aux questions des journalistes.

«C'est à lui de savoir ce qu'il y a à faire dans les circonstances», a renchéri le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron.

«Ce sont des éléments d'analyse qui lui appartiennent», estime quant à lui le ministre des Affaires municipales et des Transports, Sylvain Gaudreault.

Le ministre responsable de Montréal, Jean-François Lisée, a été plus disert: «On a un certain nombre d'allégations qui sont faites. La Commission va recouper ces informations. Et franchement, dans des situations où des élus font face à des allégations, c'est à eux de tirer leurs conclusions. Évidemment, l'opposition parle et des gens demandent des décisions rapides. Mais dans des cas comme ceux-là, la précipitation n'est pas la meilleure conseillère. Ce sont des décisions qui appartiennent aux élus, qui savent, dans leur for intérieur, ce qui est vrai et ce qui est faux.»

Cela ne ressemble pas à un appui, lui ont fait remarquer des journalistes. «C'est à lui de tirer des conclusions», a répondu M. Lisée.

«On n'est pas dans un cas où les accusations ont été prouvées en cour par un juge. On a un témoin qui a parlé. Ça met tout le monde dans une situation délicate», a-t-il ajouté.

Montréal est-il corrompu ? «On a tellement réclamé une commission d'enquête qu'on va la laisser faire son travail et tirer ses propres conclusions avant de tirer nos propres conclusions après les premiers jours», a dit M. Lisée.

Les libéraux responsables du gaspillage, dit Lisée

Ce que conclut par contre déjà le ministre Lisée, c'est que, par leur incurie, les libéraux ont permis les dépassements de coûts des contrats. «Plus on apprend des choses sur la Commission, plus on réalise que la responsabilité des libéraux est écrasante. S'ils avaient accepté ce que 80% des Québécois réclamaient il y a deux ans (créer une commission d'enquête publique), on aurait eu des éléments d'information plus tôt et on aurait agi plus rapidement pour colmater les brèches», a-t-il lancé. Il a rappelé que les coûts des contrats ont augmenté de 15 à 30%. «Et ça, c'est de l'argent en moins pour les Québécois», dénonce-t-il.

Le gouvernement Marois veut modifier d'ici à la fin de l'année la loi contre la fraude dans l'industrie de la construction. Des brèches dans cette loi permettent à des entreprises coupables notamment de fraude fiscale de la contourner.