L'ancien dirigeant d'Infrabec, Lino Zambito, a confirmé mercredi devant la commission Charbonneau que l'arrivée de l'escouade Marteau, à l'automne 2009, a fait changer les choses: le cartel des égouts à Montréal s'est mis à jouer de prudence et les prix des contrats publics ont baissé.

«La meilleure façon de le démontrer, c'est l'étude des contrats. Je pense que ça a été publiquement sorti que les coûts des contrats, dans les dernières années, ont baissé. C'est le meilleur indice pour guider les gens pour voir qu'il y a eu un changement des façons de faire», a-t-il déclaré.

Invité par la présidente de la commission, France Charbonneau, à estimer la baisse du coût des contrats, il a avancé le chiffre de 15%.

«Si, à un moment donné, on soumissionne et qu'on n'a plus 1% à donner au fonctionnaire, 3% à donner au parti politique et 2,5% à donner au crime organisé, on vient de baisser de quasiment 6 ou 7%», a expliqué M. Zambito, dont l'entreprise a depuis fait faillite.

«À partir de la mise en place de l'escouade Marteau, les contrats que j'ai soumissionnés et que je déposais, ils étaient faits en toute liberté de compétition», a-t-il assuré. Et il en a tout de même remporté, tout comme les autres entreprises membres du cartel des égouts, a-t-il précisé.

Il a aussi relaté que, à une certaine époque, avec le stratagème mis en place au service de la conception des travaux à la Ville de Montréal, les prix des contrats augmentaient plus vite que l'indice des prix à la consommation. La croissance des prix était telle que même les entrepreneurs du cartel ont senti le besoin de refréner leurs ardeurs, de réclamer des prix moindres, afin de ne pas attirer l'attention, a-t-il admis.

M. Zambito, qui est maintenant restaurateur, laissé entendre que, à l'époque, non seulement les entrepreneurs ont modéré leurs ardeurs, mais que la machine s'est mise à tourner au ralenti aussi à la Ville de Montréal. Tout le monde «avait peur d'avoir peur», a-t-il lancé.

Celui qui faisait partie des quatre plus grands entrepreneurs en égouts à Montréal a même avancé que ce climat de crainte entraînera éventuellement un effet pervers: celui d'assoiffer des PME de la construction au profit des grandes entreprises et des multinationales, qui auront la mainmise sur les matériaux de base comme l'asphalte et le béton.

Et, selon lui, cette concentration dans les mains de multinationales provoquera une augmentation artificielle des prix d'ici deux ou trois ans.