L'infiltration de la mafia dans l'économie italienne ne se limite pas au domaine de la construction, mais s'étend à d'autres secteurs comme le ramassage des ordures et même les services de soins de santé. La criminologue Valentina Tenti a poursuivi, mercredi matin devant la commission Charbonneau, son portrait du milieu mafieux italien en précisant qu'elle pourrait établir des parallèles avec le Québec dès le mois de décembre.

Mme Tenti met la touche finale à une thèse sur la mafia italienne dans la métropole québécoise. La criminologue a indiqué qu'elle ne pouvait pour l'instant dévoiler les résultats préliminaires de ses travaux. «Ma recherche est en cours. Comme chercheuse, je suis formée à donner des informations factuelles et non des opinions. Je vous suggère de me poser ces questions après le dépôt de ma thèse en décembre, et je serai heureuse de répondre», a-t-elle dit.

L'intérêt suscité par ses travaux à Montréal, notamment auprès de l'avocat du gouvernement, Me Benoit Boucher, devrait valoir à Mme Tenti un deuxième passage devant la commission Charbonneau, au début de 2013.

L'Association de la construction du Québec a profité de son contre-interrogatoire pour demander à Mme Tenti si la mafia se limitait à son secteur d'activité. Celle-ci a répondu que la mafia a d'abord misé sur cette industrie pour infiltrer l'économie légale, mais qu'elle a ensuite évolué et qu'elle ne s'y limite plus. «La construction est un secteur très attirant pour la mafia. C'est très localisé, ça ne requiert pas de grandes qualifications, particulièrement dans certains secteurs d'activité. Mais ce n'est pas le seul secteur vulnérable. Des groupes ont infiltré d'autres industries, comme le système de soins de santé et le ramassage des ordures», a précisé la criminologue.

Questionnée au sujet de l'emprise de la mafia sur les firmes d'ingénieurs, elle a indiqué que ces entreprises n'étaient pas nécessairement infiltrées, mais qu'elles pouvaient collaborer. «À ma connaissance, on ne peut pas parler d'infiltration de ces entreprises, mais on peut parler de collusion et de corruption.»

Me Boucher a fait admettre à la chercheuse qu'il est difficile de détecter les membres ou les collaborateurs de la mafia. Seuls des Italiens font partie de la mafia en Italie, mais ses membres forment fréquemment des alliances avec d'autres groupes ethniques. Elle n'a pu préciser si cette règle tenait à l'extérieur du pays.

Le témoignage de Valentina Tenti a pris fin mercredi matin après un peu plus d'une heure de contre-interrogatoire par les avocats du gouvernement et de l'Association de la construction du Québec.

Les audiences de la commission Charbonneau ont été ajournées prématurément en raison de l'absence d'un témoin important, retenu par un contretemps. Attendu jeudi matin, le détective Mike Amato, de la police de York, au nord de Toronto, doit témoigner au sujet de la présence de la mafia en Ontario.