Depuis lundi, la GRC a remis une centaine de vidéos de l'opération Colisée à la commission Charbonneau, et elle devrait lui transmettre d'autres documents mercredi.

Comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, a présenté un projet de loi, mardi, pour doter la Commission de pouvoirs supplémentaires.

Le projet de loi 75 permettra aux enquêteurs de la Commission de faire des inspections, de mener des perquisitions et de saisir des objets et des documents. Il répond à une demande formulée par la commissaire France Charbonneau.

Enfin, la Commission a inauguré ses nouveaux locaux en les présentant à un groupe de journalistes. La grande salle d'audience, située au 9e étage du 500, boulevard René-Lévesque Ouest à Montréal, pourra accueillir 70 citoyens.

L'hiver dernier, la GRC s'était adressée à la Cour supérieure pour faire annuler une assignation à comparaître envoyée par la Commission, qui réclamait un accès complet aux photos, aux vidéos et aux documents colligés pendant l'opération antimafia Colisée.

Un des mandats de la Commission est d'enquêter sur l'infiltration du crime organisé dans l'industrie de la construction. Après un court procès, la juge Guylaine Beaugé a rejeté les arguments soulevés par la GRC et lui a ordonné de remettre à la Commission les documents qu'elle réclamait.

Dans un premier temps, la Commission souhaite avoir les informations recueillies pendant l'opération Colisée sur 7 entreprises de construction et 17 individus. La GRC a photographié et filmé d'importants entrepreneurs en compagnie de membres notoires de la mafia.

«On est dans une bonne voie d'échange d'informations avec la GRC», s'est réjoui hier Denis Gallant, procureur de la Commission. Me Gallant s'est aussi félicité du dépôt du projet de loi 75. Dans un communiqué, la Commission souhaite que cette loi soit rapidement adoptée.

Néanmoins, le ministre Jean-Marc Fournier indique dans son propre communiqué que «le gouvernement souhaite la tenue de consultations particulières: la Commission aurait l'occasion de s'y présenter pour y exposer ses besoins et ses moyens».

«La Commission connaît des difficultés découlant de la tenue concomitante de ses travaux avec les enquêtes policières, ajoute le communiqué du ministre. Elle nous assure que les moyens appropriés sont mis en oeuvre pour assurer la poursuite du travail des policiers.»

Quelque 1,7 million de dollars ont été consacrés à la conception et à l'aménagement des locaux de la Commission. Outre les 70 fauteuils réservés au public, la vaste salle d'audience comprend 12 sièges pour les journalistes, 8 grandes tables pour les avocats et le personnel de la Commission, chacune équipée de micros et d'écrans, sans compter l'estrade des commissaires, les lutrins des procureurs, la barre des témoins, etc.

Quatre caméras robotisées filmeront les débats, qui seront diffusés en direct sur de vastes écrans, ainsi que sur le site internet de la Commission. Tous les documents qui seront déposés au cours des travaux seront numérisés et eux aussi diffusés.

Les audiences commencent mardi prochain à 11h. Mme Charbonneau prononcera un discours d'ouverture. Les personnes directement concernées par l'enquête, ou qui croient pouvoir y contribuer, ont jusqu'au 28 mai pour présenter leur demande afin d'obtenir le statut de participant ou d'intervenant.