Marc Bellemare aurait été témoin d'échange d'argent liquide entre Franco Fava et un permanent du PLQ.

Après la nomination des juges, l'argent. Marc Bellemare, hier, était clairement déterminé à ouvrir la boîte de Pandore.

Devant la commission Bastarache, l'ancien ministre de la Justice a à plusieurs reprises indiqué qu'il comptait documenter ses allégations du printemps, selon lesquelles d'importante sommes d'argent liquide passaient d'organisateurs libéraux à des permanents du parti.

M. Bellemare a même soutenu avoir été témoin d'une telle transaction dans un restaurant en vue de Québec, où Franco Fava aurait remis une impressionnante liasse de billets à un permanent du PLQ.

«J'ai parlé au premier ministre. J'avais vu M. Fava échanger des quantités d'argent considérables au Michelangelo, à Québec. Je trouvais cela dangereux, irrégulier et imprudent. Il (M. Charest) m'avait fait un signe de la main. "Ce n'est pas la place pour parler de ça ici. Garde ça pour toi... on va en parler. On va faire une réunion."»

Au printemps dernier, Me Bellemare a soutenu avoir été témoin de l'influence de l'industrie de la construction sur le Parti libéral et le gouvernement. Cette influence s'exerçait, disait-il, par des contributions substantielles qui échappaient au regard du Directeur général des élections.

Dans les cercles libéraux, on laisse entendre que le permanent susceptible d'avoir reçu l'argent des mains de l'entrepreneur pourrait être Marcel Leblanc, un employé de longue date du PLQ proche de Franco Fava et de Charles Rondeau, acteurs importants quand il est question de financement libéral à Québec.

MM. Bellemare et Charest étaient à se servir au buffet en marge d'une réunion du conseil des ministres. La réunion a eu lieu le 8 janvier 2004, en début de soirée, au bureau montréalais du premier ministre, mais les échanges ont surtout porté sur la décision de Jean Charest de ne pas aller de l'avant avec l'abolition du no fault dans l'assurance automobile, le cheval de bataille de Marc Bellemare pendant des années, devenu un engagement du PLQ en 2003.

Curieusement, le procureur en chef de la commission Bastarache, Giuseppe Battista, n'a posé aucune question sur ces déclarations de son principal témoin, tombées, il faut le dire, en toute fin d'après-midi.

Pour étayer ces affirmations, Me Bellemare n'a toutefois que des notes bien squelettiques à produire. Quelques lignes écrites dans la semaine suivant sa démission du printemps 2004, jetées au verso cartonné d'un bloc de papier. En outre, dans le style télégraphique retenu, l'argent comptant est symbolisé uniquement par des signes de dollar.