L'ancien ministre de la Justice, Marc Bellemare, a annoncé cet après-midi qu'il renonçait à faire suspendre les travaux de la commission Bastarache sur le processus de nomination des juges. Il se présentera devant la commission le 24 août prochain, même s'il considère toujours l'exercice «inutile» et «coûteux».

«Mes avocats ont discuté avec ceux de la commission Bastarache et ils ont obtenu des garanties à l'effet que mon témoignage serait public et même télédiffusé. Dans les circonstances, j'ai donc décidé de me présenter à la commission Bastarache», a-t-il affirmé lors d'une brève déclaration au palais de justice de Montréal.

«Je persiste toutefois à croire qu'il s'agit d'un exercice inutile et coûteux qui ne vise qu'à avantager le premier ministre dans la poursuite qu'il a intenté contre moi», a-t-il poursuivi. «Toute la lumière sur mes allégations sera faite, de toute façon, lors du procès personnel du premier ministre qui aura lieu cet automne.»

L'ancien politicien n'a pas voulu fournir davantage d'explications sur cette volte-face. Il a quitté les lieux en refusant de répondre aux questions des journalistes.

Ce changement de cap survient toutefois deux jours après son témoignage en Cour supérieure visant à faire casser sa sommation à comparaître devant la commission d'enquête publique.

Aujourd'hui, Marc Bellemare s'est également présenté devant la cour d'appel pour tenter de faire renverser un jugement rendu, fin juillet, par la cour supérieure du Québec. La décision le force à témoigner devant le Directeur général des élections du Québec (DGE) au sujet du financement du parti libéral du Québec. M. Bellemare est resté muet lorsque questionné à savoir si sa décision englobait aussi sa comparution devant le DGE.

Aux côtés de son épouse, Me Lu Chan Khuong, bâtonnière du Barreau de Québec, M. Bellemare a toutefois dénoncé le fait qu'il aurait été pris en filature par des agents de la Sûreté du Québec (SQ), au lendemain de ses allégations controversées sur le processus de nomination des juges.

«Vous comprendrez que cette nouvelle ajoute une pression additionnelle à celle que je vis personnellement, qui touche maintenant les membres de ma famille, que j'ai toujours voulu tenir en dehors de ça.»

Marc Bellemare a occupé le poste de ministre libéral de la Justice de 2003 à 2004. Il a démissionné de ses fonctions en avril 2004. En avril dernier, l'avocat a indiqué lors de deux entrevues télévisées qu'il avait subi de la pression pour nommer «deux ou trois» sympathisants libéraux à des postes de juges. Il a également déclaré avoir été témoin de transactions «irrégulières» d'argent comptant et de chèques entre un entrepreneur en construction et un permanent du parti libéral du Québec.

À la suite de ces allégations, le premier ministre du Québec, Jean Charest, a déposé une poursuite en diffamation de 700 000 $ contre Marc Bellemare.