Martin «Ahmad» Rouleau, le jeune homme qui a happé deux militaires à Saint-Jean-sur-Richelieu, faisait de la propagande djihadiste depuis des mois sur les réseaux sociaux, a appris La Presse. Il était connu des autorités policières et s'était radicalisé récemment selon le Bureau du premier ministre.

La Presse a retrouvé sur les réseaux sociaux différents profils d'un homme qui se présente sous le nom de Ahmad Rouleau et dont la date de naissance correspond à celle de Martin Rouleau. Au printemps, il y publiait des propos propres au djihad islamique : « Aux hypocrites, hommes et femmes, et aux mécréants, Allah a promis le feu de l'Enfer pour qu'ils y demeurent éternellement. C'est suffisant pour eux. Allah les a maudits. Et pour eux, il y aura un châtiment permanent.»

«Les autorités fédérales ont confirmé que certains éléments indiquent clairement qu'il s'agit d'un individu qui s'est radicalisé», a confirmé le cabinet du premier ministre Harper vers 19 heures lundi.

« Cet individu était connu des autorités fédérales, incluant notre équipe intégrée de sécurité nationale à Montréal et d'autres autorités qui étaient concernées qu'il était devenu radicalisé», a ajouté la Gendarmerie royale canadienne dans une déclaration.

Plus tôt en journée un député conservateur avait évoqué à la Chambre des communes un «potentiel attentat terroriste à Saint-Jean-sur-Richelieu». 

Le suspect a renversé les deux militaires dans un stationnement commercial du boulevard du Séminaire, près du centre-ville de Saint-Jean, avant de prendre la fuite sur cette même artère. Quelques kilomètres plus loin, il a évité un tapis clouté et fait une sortie de route avant d'être touché par les balles des policiers. Il aurait été armé d'un couteau.

L'un des militaires a été grièvement blessé alors que la seconde victime a été blessée moins gravement. Selon le Toronto Star, l'incident s'est produit tout près d'un centre intégré de soutien du personnel pour les anciens combattants. Aucun policier n'a été blessé.

Photo La Presse, Patrick Sanfaçon

Le suspect aurait été armé d'un couteau.

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

La thèse terroriste est-elle l'une des pistes étudiées? « C'est beaucoup trop tôt pour qu'on puisse conclure», a dit la porte-parole de la SQ, Joyce Kemp. «Le fait que ce soit délibéré, que ce soit un geste volontaire, c'est une hypothèse qui va être regardée par les enquêteurs.»

En après-midi, un député conservateur a soulevé en Chambre l'hypothèse d'un geste terroriste.

«Il y a des informations non confirmées voulant qu'une possible attaque terroriste (aurait pu être commise) contre deux membres des Forces armées près de Saint-Jean-sur-Richelieu», a exposé le député Randy Hoback.

«Le premier ministre pourrait-il informer la Chambre sur cette question?»

Le premier ministre Stephen Harper s'est levé et a répondu que les informations entourant cet incident étaient «troublantes» et que le gouvernement suivait la situation de près.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, abonde dans le même sens que la SQ et juge que l'analyse du gouvernement est prématurée.

«Je pense qu'il faut être excessivement prudent avant de tirer des conclusions. (...) Quand (la question a été posée), je me suis dit: 'Quand même, laisse la police faire son travail'», a affirmé M. Mulcair en point de presse.

Le Bureau du premier ministre Harper n'avait pas précisé, lundi, pour quelle raison un député conservateur a présenté l'incident comme un possible acte terroriste.

Le premier ministre Philippe Couillard a aussi réagi à la nouvelle. «C'est une tragédie (...). Attendons de voir les résultats de l'enquête, mais ce genre de phénomène, s'il se confirmait, de radicalisme, qui éclôt spontanément, est très difficile à contrôler. Ça nous rappelle encore une fois que le Québec n'est pas une île séparée du reste du monde, que ces phénomènes peuvent éventuellement nous toucher. On n'est pas à l'abri de ce genre de phénomène-là. Mais encore une fois, prudence. Attendons les résultats de l'enquête pour conclure davantage.»

- Avec Philippe Teisceira-Lessard, Annabelle Blais, Vincent Larouche, Daniel Renaud, David Santerre, Gabrielle Duchaine, Jasmin Lavoie, Daphné Cameron, Marie-Michèle Sioui, Louis-Samuel Perron et La Presse Canadienne

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

La poursuite policière s'est rapidement achevée.